Par Jacques Henry
Date de publication originale : 2012 (Gone Girl)
Date de publication française : 2012 (Sonatine)
Genre : suspense
Personnages principaux : Nick et Amy Dunne, mari et femme
J’avais beaucoup apprécié le roman précédent de Gillian Flynn, Les lieux sombres, qui laissait entrevoir l’éclosion d’une romancière majeure dans l’univers du suspense. Eh bien, l’intuition se confirme. Dans ce nouveau roman, elle poursuit dans le même créneau et avec la même technique narrative (l’instant zéro, dont on s’éloigne, en narrations croisées, vers tout ce qui le précède et le suit), mais avec une maîtrise davantage confirmée, qui confine au classicisme.
Nick et Amy ont tout du couple de rêve. Mais ils perdent leur emploi et atterrissent dans un petit patelin du Missouri, parce qu’il leur faut s’occuper d’un vieux parent malade. Et le couple se dégrade doucement jusqu’au jour où, le matin de leur cinquième anniversaire de mariage, Amy disparaît sans laisser de traces. Fuite? Kidnapping? Meurtre? Évidemment, le mari est le principal suspect et, évidemment, vous savez bien qu’il n’y est pour rien. Mais les médias s’emparent de l’affaire, chacun cherche son petit quart d’heure de gloire et Nick se retrouve dans de sales draps.
Il est impossible d’en dire davantage sans révéler les ressorts d’une intrigue complexe et parfaitement au point, qui rappelle les meilleurs Coben. Le titre français est d’ailleurs beaucoup plus juste que le titre original: les deux protagonistes se mentent allègrement, mentent aux médias et à la police et, tous deux successivement narrateurs, nous mentent tout aussi bien. Et lorsque, vers le milieu du roman, on parvient à démêler à peu près le vrai du faux, la suite nous révèle encore des doubles fonds inattendus. Ne prenez rien pour acquis!
Sur un rythme très lent (avec quelques longueurs dans la première moitié), Flynn explore la psychologie de ses deux protagonistes et le fait de façon très fouillée. Leur interaction toxique et pourtant fusionnelle est détaillée avec une foule de petits détails vrais, qui témoignent d’une connaissance approfondie de la psychologie féminine, mais aussi masculine – ce qui est toujours la marque d’un bon romancier, ici féminin. L’intrigue est contextualisée dans la vie d’une petite ville et la critique du rôle des médias est virulente. Le rythme s’accélère quelque peu dans la seconde partie. La finale est quelque peu frustrante du point de vue moral, mais, sur le plan littéraire, parfaitement logique et cohérente avec la dynamique des personnages. Ajoutez un style original, nerveux, pétillant mais sans effets gratuits, et vous avez là une belle réussite. À recommander sans hésitation.
Ma note : (5 / 5)
Bonjour,
Je viens de terminer ce bouquin qui comme vous le dites pars très lentement. Mais il vaut vraiment aller au bout car on voit la métamorphose des deux personnages en allant de surprise en surprise et sincèrement, on se pose beaucoup de questions dont la principale : comment cela va -t’il se terminer? J’ai bien aimé la construction du bouquin, l’épaisseur des personnages. Ce thriller vous tient vraiment en haleine dans sa seconde partie. Vaut assurément 4,5/5.
Je suis heureux de constater que le livre vous a bien plu. Après il peut y avoir des différences d’appréciations suivant les goûts de chacun mais une note de 4,5 ou 5 signifie qu’il a été jugé excellent.
Bonjour Jacques,
Je suis en train de lire ce bouquin et arrivé à la page 100, je me suis interrogé, à savoir si j’allais continuer ?, vu la pile de livres qui m’attends !
C’est vrai que la mise en place est très lente et les analyses d’Amy sont assez énervantes jusqu’à présent . Mais comme ton commentaire est très positif je vais continuer …
En tous cas un grand merci à toute l’équipe pour votre travail dans ce merveilleux blog que je suit avec grand interêt.
Robert PONDANT (Belgique)
Bonjour Robert,
Je me permets de répondre à la place de Jacques qui a arrêté depuis longtemps d’écrire des chroniques sur notre blog. Ce je peux dire c’est qu’il n’avait pas l’habitude d’être complaisant ni particulièrement indulgent. Alors un roman qu’il a noté 5/5, avec un coup de cœur, ce serait étonnant qu’il soit mauvais. Effectivement Jacques signale cette lenteur de la première partie que tu as aussi relevée. En deuxième partie le rythme s’accélère si j’en crois sa chronique. Il me semble que ça vaut la peine de continuer cette lecture.