Aucun homme ni dieu – William Giraldi

Par Raymond Pédoussaut

AucunhommenidieuDate de publication originale : 2014 (Hold the dark)Giraldi
Date de publication française : 2015 chez les Éditions Autrement
Genres : Roman noir, grands espaces
Personnages principaux : Russel Core écrivain spécialiste des loups – Medora Slone, habitante de Keelut – Vernon Slone, mari de Medora

« Les loups descendirent des collines et prirent les enfants de Keelut. » Trois enfants ont été enlevés par les loups dans ce village d’Alaska, perdu au milieu des terres où la neige recouvre tout. La mère du troisième disparu, Medora Slone, a écrit à Russel Core pour qu’il retrouve ce qui resterait de son fils et peut-être aussi qu’il abatte le loup qui l’a pris. Russel Core n’est pas un chasseur professionnel, c’est un écrivain qui a acquis une connaissance profonde des loups. Il les connaît, les respecte, a écrit un livre sur eux. C’est parce qu’elle a lu le livre que Medora Slone fait appel à lui car à Keelut personne ne partirait chasser les loups. Core se lance dans la toundra blanche et glacée à la recherche des loups. Il va finir par les rencontrer mais ce n’est pas là qu’il retrouvera les restes de l’enfant disparu. C’est plus tard qu’il découvrira le corps de l’enfant et cela va déclencher des événements terribles.

Giraldi nous plonge dans un autre monde. Un univers de neige et de froid où la nuit dure dix huit heures. La nature est impressionnante, dangereuse et aussi sauvage que les loups qui l’habitent. Les hommes y sont petits et fragiles, surtout ceux qui ne sont pas nés dans cet endroit. Ce milieu a façonné les hommes et les femmes qui y vivent. Les lois de la civilisation n’ont pas cours dans ce lieu, d’autres lois ancestrales s’y substituent. Le silence, les croyances anciennes et la sorcellerie font partie de la vie des habitants de Keelut. Mais comme l’Alaska est un état américain les représentants de la loi doivent y intervenir. Dans ce cas il n’y a pas de collaboration des gens locaux qui préfèrent régler leurs affaires entre eux. Cette partie de l’Alaska est un monde à part, une autre planète. Giraldi nous restitue l’atmosphère du lieu de façon saisissante, il arrive à nous y immerger complètement.

Les personnages sont en accord avec le cadre. Le civilisé Russel Core est un homme vieillissant qui a beaucoup de respect pour les loups. Mourir sous leurs crocs serait pour lui la meilleure façon d’en finir avec la vie. Medora et Vernon Slone sont des sauvages, naturellement violents et cruels, ils ont un rapport à la vie et à la mort correspondant à leur culture mais complètement différent de notre façon de voir. Le lien qui les unit est puissant et viscéral, totalement indécent aussi.

Aucun homme ni dieu est une plongée dans un monde inconnu obéissant à des lois différentes des nôtres. Un roman très dépaysant, parfois dérangeant. Un voyage dans les ténèbres dans un décor de blancheur.

Extrait : 
– Monsieur Core, avez-vous la moindre idée de ce qu’il y a derrière ces fenêtres ? De la profondeur de ces terres ? De leur noirceur ? De la manière dont ce noir s’insinue en vous ? Écoutez-moi bien, monsieur Core, ici vous n’êtes pas sur Terre.
Son regard s’arrêta sur la fumée qui s’élevait de sa tasse, puis elle marqua une pause, comme si elle allait boire.

– Aucun d’entre nous n’a jamais mis les pieds sur Terre.
Il l’observa qui buvait son thé.
– J’ai déjà ressenti ça dans certains endroits par le passé.
– Dans certains endroits, vous dites. Ce que vous ressentirez ici, vous ne l’aurez jamais ressenti ailleurs.
Il s’attendait à ce qu’elle développe.
Elle s’en tint là.

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Les loups descendirent des collines et prirent les enfants de Keelut.

 

Ma note : 4.3 out of 5 stars (4,3 / 5)

 

 

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2 réponses à Aucun homme ni dieu – William Giraldi

  1. Ingannmic dit :

    C’est vrai que ce roman peut par moments mettre mal à l’aise, notamment avec la façon dont l’auteur met en scène la part animale et violente de l’homme. mais comme toi j’ai aimé. Son ambiance, et cette capacité justement à nous surprendre et nous bousculer, sont selon moi les deux grandes réussites de ce titre.

    • Ray dit :

      Ce qui peut mettre le lecteur mal à l’aise c’est aussi la relation que je qualifierai de « particulière », pour ne rien dévoiler de l’histoire, qu’entretiennent Medora et Vernon Slone. Je suis d’accord avec toi : l’ambiance de ce roman est surprenante, c’est une plongée dans un autre monde régi par des règles primitives et non par celles de la civilisation.

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