Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2016 chez Robert Laffont
Genres : Thriller géographique, enquête
Personnages principaux : Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul – Nicole Laguna, commissaire divisionnaire à la police judiciaire de Paris
A Kaboul, le commandant Oussama Kandar, chef de la police criminelle examine le cadavre d’une fillette de 10 ans, jeté sur un tas d’ordures. C’est le troisième en peu de temps. L’œuvre d’un tueur en série comme dans les films américains ? s’interroge un adjoint d’Oussama. Le tueur semble frapper tous les dix jours. Les policiers disposent donc de ce délai pour trouver le coupable avant qu’il ne fasse une nouvelle victime.
À Paris, Nicole Laguna est enlevée près de son domicile. Elle est emmenée en Sicile, prisonnière de la Cupola, l’organisation secrète qui chapeaute toutes les mafias italiennes. Son mari et ses deux enfants ont aussi été enlevés. Ils serviront de caution dans le marché que Vipere, le parrain, lui propose : retrouver Franck X, un chimiste français, le meilleur spécialiste au monde de la fabrication de drogue. Ce dernier travaille pour un concurrent russe de la Cupola, leur business s’en trouve menacé. La solution est de capturer Franck X pour l’éliminer ou le faire travailler pour la Cupola. Mais le personnage est introuvable. Nicole est l’experte française en recherche de criminels en fuite, c’est pour cela qu’elle a été choisie pour localiser le chimiste. Elle dispose de huit semaines pour réussir sinon elle et sa famille seront liquidés.
Sans surprise les enquêtes d’Oussama Kandar et de Nicole Laguna vont se rejoindre. Quand ces deux là conjuguent leurs forces, ça décoiffe !
L’intrigue nous emmène à Paris, en Sicile et surtout en Afghanistan où tout se dénouera. L’auteur semble apprécier beaucoup ce pays. Il en fait une belle description, pas seulement de la capitale Kaboul mais aussi de l’arrière pays, des montagnes arides du Hazarajat ou encore du Badakhchan où se terre le grand chef du trafic de drogue en Afghanistan dans sa citadelle imprenable, en passant par Bamyan (ou Bâmiyân), site où les bouddhas monumentaux excavés dans la roche ont été détruits par les talibans en 2001.
Si le style est assez descriptif concernant le cadre, l’action n’en est pas moins intense. Les péripéties s’enchaînent allègrement, le rythme est soutenu. Les enquêtes policières cèdent la place aux opérations de guerre avec armes puissantes et sophistiquées telles que les missiles Milan ou les bombardiers B-52.
Les personnages principaux sont des gens d’action qui ont un passé de champions dans leur domaine : – Oussama Kandar était le meilleur sniper du pays, dans les troupes du commandant Massoud. Il est devenu policier et resté honnête, une performance exceptionnelle dans ce pays ! – Nicole Laguna est une ancienne de la DGSE, experte dans la recherche des fugitifs. Pour sauver sa famille elle ne recule devant rien. Leur ancienne qualification à tous les deux leur sera bien utile.
Baad est un roman dépaysant, dense et rythmé dans lequel on ne s’ennuie pas un instant. Il nous fait visiter un Afghanistan à la fois inquiétant et attirant.
Extrait :
— Je suis bien d’accord, mais est-ce notre faute si ce pays part en lambeaux ? Du haut en bas de l’échelle, les gens ne pensent qu’à s’en mettre plein les poches, il n’y a plus de sens du collectif, personne ne respecte plus rien, à part l’argent. Les ministres se font construire des palais, les officiels paradent dans leurs 4 × 4 japonais, les fonctionnaires s’achètent des smartphones ou des vêtements occidentaux hors de prix qu’ils ne peuvent payer qu’avec des pots-de-vin. Nous sommes sans doute les deux dernières personnes honnêtes de Kaboul, enfin, surtout toi car, je te le dis, Oussama, si on m’offrait un beau bakchich, je ne suis pas sûr de le refuser : ma machine à laver vient de casser et je n’ai pas le début des cinquante mille afghanis requis pour la changer.
Le choix du titre ‘Baad’
Ma note : (4,3 / 5)