Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2016 (Scrineo)
Genres : mystère, fantastique, suspense
Personnages principaux : Jimmy et sa fille Arielle
Jimmy et sa fille Arielle roulent vers une destination inconnue au milieu d’un paysage sauvage et chaotique. Leur progression est stoppée par un drôle de policier au profil de condor qui leur interdit de continuer sous prétexte qu’un effondrement s’est produit sur la route. Trois autres hommes ont été arrêtés là, comme eux. Bloqués à cet endroit, ils vont devoir y passer la nuit. Le lendemain le policier a disparu mais des phénomènes étranges se sont produits : tous ont dormi anormalement longtemps, les batteries des voitures se sont déchargées, les voitures sont inutilisables. Obligés de continuer à pied, ils atteignent une ancienne mine de charbon abandonnée. L’endroit n’est pas rassurant : dans la plaine environnante on entend des hurlements, des murmures montent de la mine et dans une maison dont les murs sont recouverts de dessins de papillons noirs, ils font une découverte terrible. Les naufragés du désert vont tenter de s’organiser et de survivre dans ce lieu hanté et maléfique.
L’auteur plante un décor inquiétant, très bien restitué par une écriture limpide et très imagée. Dans un paysage de fin de monde, il se passe des événements bien étranges. La menace est omniprésente mais elle reste floue, pas réellement identifiée. On est souvent à la limite entre réalité et fantastique, sans totalement basculer dans le paranormal. Au fur et à mesure que l’on avance dans le scénario, la situation des survivants devient de plus en plus désespérée. Jimmy et sa fille vont tenter plusieurs fois de s’échapper de ce lieu maudit mais à chaque fois ils vont être contraint d’y revenir comme s’il leur était impossible de se soustraire à l’attraction que l’endroit semble exercer sur Jimmy.
Le suspense est habilement relancé à chaque fin de chapitre. On se demande comment cela va bien pouvoir se terminer. J’avoue avoir craint, pendant un moment, un retournement de situation facile dans le genre « Jimmy se réveille trempé de sueur, tout ça n’était qu’un cauchemar ». Dans le roman c’est bien plus complexe que cela. L’auteur réussit à rattacher habilement les événements fantastiques à une réalité vraisemblable en s’appuyant sur les travaux d’Elizabeth Küber-Ross qui portent sur les cinq phases du deuil : déni – colère – marchandage – dépression – acceptation. Très intrigant tout ça n’est-ce pas ? Il faut lire le livre pour comprendre et je vous le conseille fortement.
L’émotion trouve même sa place dans la partie finale.
Le titre est tiré d’un poème de Paul Éluard :
La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours, puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte,
Une fenêtre éclairée,
Il y a toujours un rêve qui veille,
Désir à combler, Faim à satisfaire,
Un cœur généreux,
Une main tendue, une main ouverte,
Des yeux attentifs,
Une vie, la vie à se partager.
Attention : Ce premier vers du poème d’Éluard a inspiré d’autres auteurs qui s’en sont servi pour intituler leurs livres, notamment Elide Montesi, Yvette Z’Graggen et Yves Giombini. Ne les confondez pas.
Une ambiance à faire frémir, un suspense de tous les instants, voilà ce qui caractérise ce roman. La nuit n’est jamais complète est, à mon avis, un excellent roman qui mêle harmonieusement fantastique, mystère et suspense. Une belle réussite et un coup de cœur pour moi.
Extrait :
Ce fut tout d’abord comme une sorte de vision irréelle et floue qui se dégageait au-dessus de l’asphalte. La chaleur brûlait la route et l’horizon semblait se perdre dans une brume vaporeuse, si bien qu’il était difficile de bien distinguer le paysage face à eux. Arielle s’arrêta la première et mit ses mains à plat au-dessus de ses yeux pour scruter l’horizon.
– Tu vois ce que je vois ?
Jimmy s’arrêta lui aussi et observa à travers le filtre ultraprotecteur de ses lunettes. Quelques kilomètres en amont, à l’endroit où d’après la carte routière, devait se trouver l’embranchement de routes qu’ils espéraient, se dressait tout autre chose. Une faille gigantesque avait aspiré le paysage. Il n’y avait plus ni désert, ni colline, ni route, juste un abîme monstrueux qui semblait s’étendre jusqu’à l’horizon.
Ma Note : (4,5 / 5)
Coup de cœur
Alors si c’est un coup de coeur, je dois le noter de suite !!
Ça va faire couler un peu plus ma PAL, mais tant pis 😉
Salut Irène,
Je te remercie pour ta confiance. C’est en effet un coup de cœur pour moi mais je ne garantie pas le même résultats sur toutes et tous. Si tu aimes les ambiances bizarres, le fantastique, le mystère et le suspense tu devrais apprécier ce bouquin qui ne révolutionne pas le genre mais qui est quand même prenant et bien fait je trouve.
j ai eu un véritable coup de cœur, je le recommande toujours à mon entourage, une intrigue qui fait mouche et qui nous tient jusqu’ au bout, suspense et surprise sont au rendez vous.
D’accord avec vous. Coup de cœur pour moi aussi.
Un livre qui se laisse lire facilement et qui nous emporte dans ses lignes, des moments très angoissants où l’on pourrait mm sentir les personnages à côté de nous, on sent la patte du scénariste 🙂
Je recommande <3
La patte du scénariste effectivement : l’écriture est très imagée. La patte de l’auteur n’est pas mal non plus.
La patte du scénariste n’est pas négative, en tout cas j’espère que cela ne sera pas ressenti comme cela, juste pour renforcer mon ressenti sur l’écriture très imagée et le fait de pouvoir se projeter facilement, mais oui la patte de l’auteur est pas mal aussi 🙂
Un bon scénario + une belle écriture = un bon roman
on pourrait mm en faire un film 😉
Ce serait facile, le scénario est déjà fait. Il ne reste plus qu’à trouver un réalisateur, un producteur et quelques acteurs.