Les Liens du sang – Olivia Kiernan

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2019 (The Killer in Me 1)
Date de publication française : 2019 (Hugo Thriller)
Traduction : Vincent Guilluy
Genres : Enquête, thriller
Personnage principal : Frankie Sheehan, commissaire à Dublin

C’est le deuxième roman d’Olivia Kiernan, jeune auteure irlandaise, formée en études littéraires, diplômée en anatomie et en physiologie, et bachelière en chiropraxie. Son premier roman, Irrespirable, lui a valu un franc succès.

On est en 2012; pas loin de Dublin, s’étend sur le bord de la mer une petite station balnéaire bien tranquille, Clontarf, du moins jusqu’à il y a dix-sept ans, où un jeune homme de quinze ans, Sean Hennessy, a été condamné à dix-sept ans de prison pour avoir tué sauvagement son père et sa mère, en plus d’avoir essayé de tuer aussi sa jeune sœur, Cara. On vient de le libérer, et deux corps sont retrouvés assassinés dans l’église de la ville, un couple, dont la disposition fait penser à celle des parents de Sean. De son côté, Sean participe à l’élaboration d’un documentaire télévisé dans le but de démontrer son innocence ou, du moins, des faiblesses dans les arguments pour démontrer sa culpabilité dans le passé.

La commissaire Frankie Sheehan est désignée pour mener l’enquête sur l’assassinat de Geraldine et Alan Shine, tandis que sa belle-sœur, l’avocate Tanya West, qui est impliquée dans le documentaire, demande à Frankie de réviser les manœuvres qui ont conduit à la condamnation de Sean. Peu de témoins crédibles dans l’enquête sur l’assassinat des Shine, y compris le prêtre qui a découvert les corps, le père Healy, qui change plusieurs fois de version, ce qui irrite particulièrement le coéquipier de Frankie, Barry Harwood, qui ne cache pas son horreur de ceux qui s’imaginent être au-dessus des lois, comme les prêtres. Quant au dossier de Sean Hennessy, la commissaire trouve qu’on a procédé un peu vite, qu’un interrogatoire décisif a été tendancieux, que le témoignage de la sœur est douteux; elle rencontre Sean qui la persuade ou bien qu’il est innocent, ou bien qu’il est un excellent comédien.

Puis, on découvre le cadavre, sur la plage, de Conor Sheridan, qui avait écrit à l’époque un article qui avait fait du bruit, dans lequel il chargeait Sean et louait la bonté de son père. Hennessy semble avoir des alibis pour les meurtres des Shine et de Sheridan. L’enquête piétine et Frankie n’est pas aidée par sa nouvelle patronne, Donna Hegarty, qui ne connaît rien aux affaires criminelles, mais qui tient à ce que le recours en justice de Sean Hennessy n’aboutisse pas, parce qu’on devrait alors dédommager le plaignant d’une somme astronomique.

Il semble bien qu’il y ait un lien entre le massacre du passé et les meurtres actuels, mais quel est-il ? Quand elle s’imaginera toucher la solution de près, Frankie se rendra compte que ce sont ses proches qui sont maintenant menacés.

Roman d’enquête plutôt classique; on utilise les derniers gadgets électroniques mais on doit analyser les données pour ne pas être trompé. D’où l’importance des analystes et enquêteurs, dont les principaux sont la commissaire et son adjoint, Barry Harwood, alias Baz. L’histoire est vue à travers les yeux (et les sentiments) de Frankie Sheehan, drôle de mélange de fragilité et de dureté, genre de pitbull auquel il ne faut pas trop se frotter, mais capable de reconnaître ses erreurs et de changer d’idée. La situation est complexe parce qu’on oscille du passé au présent, et réciproquement. Mais le nombre de personnages est limité et leur description est suffisante pour qu’on puisse suivre l’action (et les raisonnements) sans trop de mal. Comme dans bien des polars irlandais, l’affreux côtoie un humour noir discret; la réputation des prêtres continue d’être souillée par le scandale des prêtres pédophiles du début du siècle; on les heurte au passage; et la pluie est omniprésente mais, heureusement, les pubs aussi.

Donc, une intrigue complexe, des personnages réalistes et un décor adéquat. Une auteure à découvrir.

1 Penguin Audio Book.

Extrait :
Dans mon boulot, il y a des moments où je dois m’asseoir face à un véritable assassin. Lui serrer la main. Lui parler. Lui laisser croire que nous sommes à égalité, que son esprit n’est pas si différent du mien. C’est un exercice subtil : que ce soit vrai ou non, je dois lui laisser croire que c’est lui qui contrôle les choses – surtout s’il a effectivement les choses en main, en fait. De temps en temps, un flic, un débutant, une lueur entendue à l’œil, viendra vous dire qu’il faut instaurer une confiance. Parce qu’il croit que si un assassin se met à papoter avec lui, c’est qu’il a gagné sa confiance, que le criminel va tomber le masque et tout balancer.
Mais je fais ce métier depuis assez longtemps pour savoir que quand un tueur me sourit, il n’y a pas de quoi se vautrer dans la confiance – il montre simplement un peu de tolérance. La vérité, c’est qu’on ne sait jamais de quoi un homme est capable, malgré le sourire qu’il affiche, la fermeté de sa poignée de main ou sa capacité à mentir en vous regardant droit dans les yeux.

La plage de Clontarf

Niveau de satisfaction :
4.2 out of 5 stars (4,2 / 5)

 

 

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