Le Couteau – Jo Nesbo

Par Michel Dufour

Date de publication originale :
2019 (KNIV)
Date de publication française :
2019 (Gallimard)
Traduction (norvégien) :

Céline Romand-Monnier
Genres :
Enquête, thriller
Personnage principal :
Harry Hole

À la police d’Oslo, Harry doit s’occuper des cold cases. Il s’efforce, cependant, de remettre sous les verrous Svein Finne, ce violeur en série qui vient de sortir de prison et qui avait promis à Hole qu’il se vengerait sur lui et sa famille. Or, sa femme Rakel a justement été poignardée. Holle tente de le faire condamner pour ce meurtre, mais Finne semble avoir un alibi convaincant. Comme l’enquête porte sur sa conjointe et qu’il est lui-même un suspect, on demande à Hole de ne pas s’en mêler. Ça rendra les choses plus difficiles pour Hole, mais c’est bien certain qu’il continuera d’essayer de trouver l’assassin. Jusqu’il en vienne à se soupçonner lui-même.

Même si c’est un roman long et touffu et que les personnages abondent, plusieurs critiques ont affirmé qu’il s’agissait du roman le plus accompli de Jo Nesbo. Et c’est certain que les rebondissements étourdissent le lecteur et que la boucle est bouclée avec efficacité. Tous les détails apparemment oubliés sont retrouvés et placés au bon endroit. Les deux cents dernières pages sont assez captivantes.

Et pourtant, peut-être parce que ça fait plus de dix ans que je fréquente Hole, époque où il trouvait déjà plein de prétextes pour plonger dans l’alcoolisme, j’ai de plus en plus de difficultés à supporter la loque humaine qu’il est devenu. Nesbo consacre la plus grande partie de son énergie à tourner autour de Hole, à essayer de nous persuader qu’il peut se passer d’alcool quand un problème lui tient à cœur et, d’ailleurs, que les trois femmes principales du récit ont toutes un faible pour lui; ça n’a pour effet que de rendre l’histoire encore plus invraisemblable. Les tendances suicidaires qui le caractérisaient à vingt-cinq ans se sont amplifiées maintenant qu’il approche de la cinquantaine. Holmes pouvait se stimuler à la cocaïne, mais jamais il ne sombrait dans la déchéance que connaît Hole. Sans souhaiter qu’un détective soit un héros, j’ai de la misère à éprouver de la sympathie pour une loque humaine et à croire aux sursauts de lucidité qui lui permettent de comprendre ce que tout le monde tient pour mystérieux et incompréhensible.

À ne pas lire pendant la covid.

Extrait :
Harry se réveilla en sursaut et regarda la pièce. L’écho de son propre cri résonnait encore entre les murs. Il consulta sa montre. Dix heures. Du soir. Il reconstruisit les dernières trente-six heures. Il avait été plus ou moins saoul la majorité du temps, il ne s’était rien passé du tout, et cependant il était en mesure de reconstruire une espèce de chronologie sans trous. En règle générale, il y arrivait, excepté ce samedi soir au Jealousy qui n’était qu’un long black-out. Ce devait être les effets à long terme de la consommation abusive d’alcool qui l’avaient finalement rattrapé.
Harry sortit ses pieds du lit en essayant de se rappeler ce qui l’avait fait crier cette fois. Il regretta quand le souvenir lui revint. Il tenait le visage de Rakel entre ses mains et ses yeux sans éclat regardaient fixement non pas lui, mais à travers lui, comme s’il n’était pas là. Elle avait une fine couche de sang sur le menton, comme si elle avait toussé et qu’une bulle de sang avait éclaté sur ses lèvres.
Harry attrapa la bouteille de Jim Beam qui était sur la table du salon et en but une gorgée. Cela ne marchait plus. Il en but une autre. Ce qui était étrange, c’était que même s’il ne l’avait pas vu – et il ne le verrait pas avant l’enterrement vendredi –, le masque mortuaire de Rakel avait paru très réel dans le rêve.

Centre ville d’Oslo

Niveau de satisfaction :
3.9 out of 5 stars (3,9 / 5)

 

 

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2 réponses à Le Couteau – Jo Nesbo

  1. michel dufour dit :

    C’est vrai que, en vieillissant,Harry (ou Jo, ou les deux), évolue mal. Pas besoin qu’un détective ou un policier soit un héros ou un génie mais, quand il devient une épave, ce n’est pas facile pour le lecteur de l’apprécier et d’aimer ce qu’il fait.

  2. Hedwige dit :

    Très déçue par Jo Nesbo dont l’écriture est médiocre t le héros particulièrement détestable. Je pense en avoir lu deux et j’ai eu ma dose

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