Femmes de désordre – Catherine Côté

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2023 (VLB)
Genres :
Enquête, sociologique
Personnage principal :
Suzanne Gauthier, journaliste

Sang d’Encre Polars a publié le 20 décembre 2020 mon commentaire sur le premier polar de Catherine Côté, Brébeuf. Ce roman-ci est présenté comme un roman noir, on retrouve le policier Marcus O’Malley, son ami Léopold, ex-flic qui revient de six ans passés à travers la Deuxième Guerre mondiale, la femme de Léopold, Suzanne, journaliste au Montréal Matin, et Adèle Dubosc policière à l’escouade de la Moralité.

L’action se passe après la guerre dans le Red Light[1], quartier de Montréal renommé pour ses bars louches et ses bordels très achalandés. La prostitution, gérée par la pègre, est passablement protégée par des policiers corrompus. C’est la principale raison pour laquelle Pacifique Plante a instauré une vaste enquête sur la moralité dans le but de fermer bien des établissements et en finir avec la corruption.

Dans le bordel de Mrs Louise, un client (un dénommé Bouchard) est assassiné. O’Malley enquête, multiplie les interrogatoires, essaie de réfléchir entre deux bouteilles de Rye, mais en vain : on est en face d’une sorte de mystère de la chambre close, dans la mesure où ceux qui étaient dans la maison étaient occupés et où, d’après Mrs Louise qui recevait les clients à l’entrée, personne n’était sorti. O’Malley, qui en a plein les bras, charge son ami Léopold d’enquêter sur la disparition de Réginald Courcelles. Puis, Lyne Lamontagne, qui travaillait chez Mrs Louise, est retrouvée assassinée. Et, pendant tout ce temps, un sombre individu semble surveiller les travailleuses du sexe et Suzanne, qui écrit plusieurs reportages sur les mauvaises conditions de travail des prostituées.

On finira par retrouver Courcelles et comprendre pourquoi Bouchard et Lyne Lamontagne ont été tués, grâce à des témoins qui reviennent sur leur déposition, mais O’Malley ne fait pas le poids face à la pègre. Et l’histoire finira en queue de poisson.

Pour apprécier ce long roman, il faut le lire comme un reportage sur la prostitution dans le Red Light de Montréal après la guerre, plus précisément comme un plaidoyer pour améliorer les conditions de travail des prostituées. Plaidoyer qui s’inscrit dans le plus large problème des relations hommes/femmes au Québec à cette époque, plus particulièrement au sein des forces policières (par exemple, les policières n’ont pas le droit de porter des armes!).

Roman noir, polar ? Pas vraiment. Les policiers tâtonnent jusqu’à ce qu’on leur livre les informations cruciales et, surtout, la boucle n’est pas bouclée. Au mieux, faudrait voir ça comme le premier tome d’une histoire à venir. Mais alors, aurait fallu nous prévenir. La trame policière, au fond, apparaît plutôt comme un prétexte pour parler d’autre chose.

[1]  Littéralement Lumière Rouge.

Extrait :
Comme ils en avaient convenu au téléphone, Suzanne Gauthier se présente au domicile de Pacifique Plante à 9 heures pile. La journaliste s’avance d’un pas ferme vers l’imposante maison. Son cœur tressaute chaque fois qu’un homme surgit au coin de la rue, mais ce n’est jamais son rôdeur. L’aurait-il suivi jusqu’ici, de toute manière ? Elle tente de se ressaisir. Ce n’est pas le moment de se livrer à la peur, elle a beaucoup à faire. Après sa conversation avec Adèle Dubosc, Suzanne a contacté des amis de son père pour savoir à qui elle pouvait s’adresser pour rencontrer « le justicier de Montréal », comme plusieurs le surnomment : Pax Plante, le réformateur bien connu de la Moralité. Malgré toute cette histoire, Suzanne souhaite toujours venir en aide à son amie qui semble si désabusée par sa carrière. Elle espère y parvenir en vantant ses mérites auprès du grand patron. Peut-être même qu’il pourrait se laisser convaincre d’envoyer quelques constables surveiller le Mrs Louise ? Tant qu’à faire : d’une pierre deux coups.

Le Red Light

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

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