Degré de culpabilité – Richard North Patterson

Date de l’édition originale : 1992 (Degree of Guilt)
Date de l’édition française : 1994 aux Editions Albin Michel et 2003 au Livre de Poche
Genre(s) : Polar judiciaire
Personnages principaux : Christopher Paget (Chris) avocat, Teresa Peralta (Terri) avocate
Prix : Grand Prix de littérature policière 1995

Ce n’est pas d’une nouveauté dont je vais parler. En effet la première édition de Degré de culpabilité date de 1992. J’avais lu une critique élogieuse concernant Richard North Patterson, alors quand je suis tombé sur cette édition de poche, je me suis laissé tenter et je ne le regrette pas.

Mary Carelli, journaliste vedette de la télévision, vient de tuer un écrivain célèbre, Mark Ransom, dans une suite d’hôtel. Elle appelle la police et explique qu’elle s’est défendue pour échapper à un viol et que le coup de feu qui a tué son agresseur est parti au cours de la lutte sans qu’elle ait l’intention de tuer. La police analyse les indices et trouve que la version de la journaliste comporte des éléments contradictoires et troublants. Face à un inspecteur de police qui l’a soumet à un interrogatoire serré elle fait appel à un avocat. Mais pas n’importe lequel ! Elle demande l’aide de Christopher Paget, un ancien amant, qui est aussi le père de son fils. Ce fils qu’il élève seul, Mary se consacrant, elle, à sa carrière de journaliste vedette. Après bien des réticences Christopher accepte de la défendre. Chris est aidé de Terri, une avocate qui travaille pour lui. Ils enquêtent sur le passé de la victime qui s’avère trouble. Puis c’est l’audience préliminaire qui doit décider si Mary doit être inculpée et jugée ou si au contraire elle doit être relaxée. La partie qui raconte le déroulement de l’audience préliminaire est passionnante car du côté de la défense aussi bien que du côté de l’accusation les protagonistes sont de haut vol. Les arguments d’un côté comme de l’autre sont développés de façon brillante. Richard North Patterson a été avocat et ça se sent ! Avocats et procureur prennent tour à tour l’avantage. L’audience est très équilibrée et l’issue indécise. A côté des joutes judiciaires, il a les personnages eux-mêmes qui sont finement décrits : l’accusée, Mary, est une femme belle, brillante, maître d’elle mais il y a des zones d’ombres dans sa vie, de la douleur aussi et jusqu’au bout on ne sait pas si elle dit la vérité. L’avocat Chris à un point faible : c’est son fils (et le fils de l’accusée) qu’il ne veut pas perturber par une accusation qui touche sa mère. D’ailleurs lui-même semble cacher un certain nombre d’évènements liés à une ancienne affaire. Sa collègue Terri se débat dans un mariage raté qui ne tient que grâce à la présence de sa fille. Elle joue sur un autre registre que son patron mais son efficacité est redoutable : son empathie lui permet d’obtenir des témoignages de femmes qui jusqu’alors s’étaient tues. Les personnages secondaires, le procureur femme et la juge sont aussi formidables. Le sujet du viol est abordé, notamment dans les interventions de Terri. Il est traité avec beaucoup de sensibilité et de compassion envers les victimes mais aussi avec intelligence nous amenant à comprendre les sentiments et l’attitude des femmes qui ayant subi cet outrage, préfèrent se taire. La fin nous réserve quelques surprises tout en préservant l’unité et la vraisemblance de l’histoire.

Ce livre a presque 20 ans mais il n’a pas vieilli. Il aurait été écrit récemment la seule chose qui aurait un peu changé ce serait les méthodes scientifiques de la police, les tests ADN par exemple. L’histoire elle même, les personnages, les ambitions, les mœurs politiques, sont tout à fait actuels. Quant à la force des arguments fournis par la défense et l’accusation, elle est tout simplement formidable. Un roman judiciaire excellent. Dommage que Richard North Patterson soit si peu connu dans les pays francophones malgré son prix de littérature policière de 1995 et que les lois du marketing aient donné la célébrité à John Grisham plutôt qu’a lui.

Ma note : 4,5 / 5 

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2 réponses à Degré de culpabilité – Richard North Patterson

  1. djahus dit :

    Bonjour,
    Je viens de finir ce livre encouragé par votre critique et le fait que c’est un 5* des polarophiles.j’ai trouvé très bien,avec des rebondissements intéressants mais flirtant un peu trop avec du sentimentalisme(style harlequin).j’en essayerai d’autres de lui car il sait retenir l’attention et entretenir l’intrigue.je crois que je suis trop Connellyen cependant.

    • Ray dit :

      Je pense que c’est un bon polar judiciaire et que Richard North Patterson maîtrise complètement tous les aspects judiciaires du roman sans se montrer ennuyeux. Il est bien placé en tant qu’ancien avocat. Pour ma part je n’ai pas su déceler le côté Harlequin du bouquin, pourtant je n’aime pas du tout les romances à l’eau de rose. Mais il faut bien que les lecteurs aient des sensibilités différentes.
      Merci pour votre commentaire.

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