Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2014 (Le Passeur)
Genres : Humoristique, Thriller
Personnage principal : Marco Benjamin, lieutenant de police à Lyon
Un tueur en série assassine des jeunes filles, il les mutile sauvagement vivantes et les viole mortes. Marco Benjamin, lieutenant de police est chef d’équipe pour la traque du tueur. Sur les indications d’Ismaël, un gourou qui est le sosie de Jésus Christ, il découvre la dernière victime du psychopathe, affreusement charcutée, qui pousse son dernier soupir dans ses bras. Marco est très perturbé par les conditions affreuses dans lesquelles est morte la fille. Il sombre dans la dépression, il est en arrêt de travail pour plusieurs mois, hanté par le fantôme de la jeune fille. Pour résister à ses tentations de suicide, par dérision, il invente un personnage : un superman suicidaire, c’est Suicide-Man. Suicide-Man, conçoit de multiples méthodes pour mettre fin à ses jours, aucune ne marche car il est protégé par ses super pouvoirs. Cette parodie est mise en ligne sur Internet et connaît un certain succès. C’est par l’intermédiaire du net qu’il fera la connaissance d’Elsa, une adolescente en rupture avec ses parents qui finira par s’installer sur le canapé de son salon. Marco est en arrêt de travail mais il n’a jamais été aussi actif : de nouvelles informations le jettent de nouveau sur la piste du tueur. Il fait avancer l’affaire mais en même temps il sème une panique indescriptible dans l’enquête. Il devient à la fois incontournable et problématique. Il faut bien avouer que le lieutenant Marco Benjamin, alias Suicide-Man, a des méthodes peu conventionnelles.
Ce qui frappe d’entrée dans ce roman c’est l’humour ravageur. Il y a une succession de situations dramatiques pour le personnage principal, mais aussi hautement comiques par la façon dont il réagit. Marco, connait une suite de déboires pas ordinaire : on lui met dans les pattes un gourou, très beau et charismatique, sensé faire avancer l’enquête grâce à ses visions; il découvre que sa femme couche avec un peintre; sa fille de 16 ans lui demande prendre la pilule; une jeune fille, admiratrice de Suicide-Man, vient s’installer chez lui et l’IGS, la police des polices, lui tombe sur le dos tout en admirant l’artiste et sa capacité exceptionnelle à agir hors toute procédure. Mais notre héros, même quand il cède à la l’accablement, ne reste pas inactif. Au contraire, il a une activité débridée qui fait avancer l’enquête, tout en provoquant la réprobation et la confusion parmi ses chefs et ses collègues de la police. C’est une sorte de Gaston Lagaffe efficace. Il est quand même redoutable : il réussit même à rendre complètement addict aux comics de super-héros le psychiatre qui le soigne. Les personnages secondaires sont de la même veine : hauts en couleurs et attachants.
Il y a dans ce roman plusieurs ingrédients qui pourraient paraître incompatibles entre eux. Ainsi on y trouve l’horreur absolue, les situations déjantées, l’humour décapant, l’action d’un thriller haletant, des dialogues savoureux, sans oublier une dose de tendresse. Un mélange parfaitement réussi. On ne s’ennuie pas une seconde. On rit souvent, on frémit parfois. Un régal !
Extrait :
L’agent a à peine eu le temps de finir sa phrase que la porte s’ouvrait en grand. Quatre hommes et deux femmes firent leur entrée dans la salle d’interrogatoire.
– Mais c’est quoi ce bordel ? a demandé Lanson. Vous rappliquez à combien maintenant?
– On nous a dit que le lieutenant Benjamin était en cause. On est la brigade chargée de son dossier.
Le premier homme m’a serré chaudement la main.
– Je suis enchanté de vous rencontrer, lieutenant Benjamin.
– C’est ça, a répliqué Lanson, vous n’avez qu’à lui donner une médaille ! Une des femmes m’a fait un signe de la tête.
– J’ai beaucoup entendu parler de vous, m’a-t-elle dit avec une pointe d’admiration. Lanson a levé les mains au ciel.
– Non mais je rêve ! Vous êtes le fan-club de Marco ou quoi ?
Après m’avoir fait un clin d’œil, l’homme qui m’avait déjà interrogé la première fois s’est adressé à Lanson.
– Lieutenant, cet homme est une légende chez nous. On s’est battus pour entrer dans cette équipe. Je peux vous dire que tous les autres nous envient.
La deuxième femme s’est approchée de moi et a murmuré, avec un sourire gourmand :
– C’est vrai que vous avez enfoncé un tisonnier dans la gueule d’un chien ?
J’ai commencé à ouvrir la bouche pour répondre, mais Lanson m’a stoppé net dans mon élan.
– Putain, Marco, si t’ouvres la bouche je vais chercher le tisonnier aux pièces à conviction et je te l’enfonce dans…