Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2016, réédition en poche 2023
Genres : Noir, thriller
Personnages principaux : Arielle et Jimmy
Le vaillant Jimmy et sa fille Arielle, jolie jeune femme, roulent dans un désert de rocaille au volant de leur vieille Ford. Un barrage de police, vraiment inattendu dans ce paysage où il n’y a rien, les empêche de poursuivre leur route et les oblige à passer la nuit sur place avec trois autres automobilistes : le colossal et colérique Juan, l’impulsif Victor et le quasi-intellectuel Florencio.
Ils doivent donc passer la nuit dans leur automobile. Le lendemain matin, le policier est disparu, la batterie de leur automobile est à plat, et ils ont l’impression d’avoir été drogués par le café qu’on leur avait servi. Comme la route devant eux semble s’être mystérieusement effondrée, ils s’orientent autrement et découvrent une sorte de village minier inactif depuis des lustres. Une dizaine de maisons tiennent encore debout : on y trouve des boîtes de nourriture, mais aussi une demeure où des enfants semblent avoir été tués. Victor souffre de coups de soleil et veut retourner à sa voiture. La tension grimpe dans le groupe. D’autant plus que le soleil est étouffant et que les nuits sont froides. Au cours de la nuit, on entend des hurlements, et une grosse bête semble avoir rôdé autour de certaines maisons. Florencio finira d’ailleurs par être blessé, mais on ne parvient pas à savoir si l’agresseur était un animal ou un être humain.
Les problèmes deviennent de plus en plus étranges. Les vivres diminuent. Pas de nouvelles de Victor et Juan disparaît. Les blessures de Florencio mettent sa jambe en péril. L’eau paraît contaminée et on n’aura bientôt plus la possibilité de la faire bouillir. En désespoir de cause, Jimmy décide de descendre dans la mine. La situation dans laquelle il se retrouve devient de plus en plus incompréhensible.
Cette histoire est vraiment angoissante et il est difficile de dormir en paix tant qu’on ne l’a pas terminée, c’est-à-dire tant qu’une brillante élucidation rationnelle ne sera pas venue percer le sens de cette série d’insupportables énigmes.
Dans mon compte rendu de La lisière, j’avais déjà observé que « Il me semble évident que, pour Tackian, la description du problème est plus importante que sa solution ». À une nuance près, c’est encore le cas ici. La description de ce voyage au bout de la nuit est si implacable et les événements vécus par les cinq personnages sont si troublants que le lecteur éprouve un impérieux besoin de revenir enfin sur le plancher des vaches. Je dois pourtant avouer que ma frustration fut aussi élevée que mes espérances.
Puis, j’ai lu le compte rendu de mon collègue Raymond Pédoussaut qui donne 4.5 à ce roman qui hérite d’un « coup de cœur ». Comme nous ne sommes pas souvent en désaccord, il m’a fallu en trouver la raison : c’est certain que l’explication de l’auteur est astucieuse, mais c’est un type d’explication que, personnellement, je n’accepte pas : étant sans doute un lecteur plus traditionnel, je lis tout polar comme un roman policier qui devrait obéir à certaines règles de Van Dine. Je m’attendais donc à une explication rationnelle brillante comme celles de Poirot ou de Holmes. Or, on en est très éloigné. À mon sens, l’explication fournie relève plutôt de la littérature fantastique. Donc, je n’enlève rien au talent de l’auteur ni au jugement de mon collègue. C’est le type de roman qui est en question. Et le type d’attente du lecteur.
Extrait :
Le groupe électrogène était composé d’un petit moteur alimenté par un large réservoir de mazout. On pouvait le démarrer manuellement à l’aide d’une manivelle en acier sur laquelle était rivetée une poignée en bois. Ce genre d’unité portable découverte par Juan aux abords de la mine devait être emporté par les mineurs pour leur permettre d’éclairer les galeries les plus lointaines. La cuve du réservoir à mazout était quasiment vide et Jimmy fixait le niveau avec inquiétude. Cela faisait presque trois jours qu’ils avaient découvert le pillage de leurs réserves et ils n’auraient bientôt plus d’électricité. Qui avait bien pu s’introduire dans la maison et leur voler ainsi leurs derniers espoirs de survie ? Jimmy se rappelait les théories de Juan, persuadé que quelqu’un les observait depuis la mine. Ce quelqu’un pouvait-il être celui qui avait attaqué Victor, Florencio puis finalement s’en était pris à Juan ? Tant de questions restaient sans réponses.

Un village minier
Niveau de satisfaction :
(3,9 / 5)