Un traître en la demeure – Anne Perry

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2023 (Anne Perry)
Date de publication française :
2024 (10/18)
Traduction (anglais) :
Florence Bertrand
Genres : Enquête, thriller, historique
Personnage principal :
Elena Standish, MI 6

C’est le dernier tome de la série Elena Standish; Perry est décédée quelque temps après. J’ai commenté les quatre premiers.

Fin de l’été 1934. L’action se passe autour (et à l’intérieur) du domaine des Wyndham, une riche famille anglaise, où vivent Griselda Wyndham et son mari Sir David Wyndham, de même que Geoffrey Baden, le frère de Griselda, qui est sur le point de demander en mariage Margot, la sœur d’Elena.

Près du domaine, un apparent vagabond, en réalité un agent du MI 6, est retrouvé assassiné. John Repton soupçonnait un des membres de la famille Wyndham  de pactiser avec les mouvances fascistes du pays et de préparer quelque grand coup. D’où la nécessité de l’éliminer.

Le MI 6 profite de l’occasion des fiançailles de Margot, fêtées en grand par les Wyndham, pour que Elena y soit invitée, accompagnée de son supposé ami-amant James Allenby, agent du MI 6 qu’Elena avait déjà rencontré à Washington (cf. Dans l’ombre d’une espionne) et grand ami de Repton. Leur mission : découvrir l’assassin de Repton, percer à jour la relation entre les Wyndham et les fascistes, et protéger Margot.

L’enquête se déroule dans les grandioses paysages des Cotswolds et dans le magnifique château familial des Wyndham.  Perry prend plaisir à opposer la beauté du décor aux manœuvres répugnantes des criminels. Elle décrit aussi avec une certaine objectivité le contexte politique délicat (qui est le même aux États-Unis et au Canada) où se séparent ceux qui veulent éviter une guerre à tout prix et ceux qui ne veulent rien concéder à Hitler et aux fascistes.

L’enquête traîne un peu en longueur et Perry en profite pour décrire les tenues sophistiquées que doivent porter les dames de la haute bourgeoisie selon le repas qu’elles prennent, les visites qu’elles rendent, la promenade à laquelle elles s’adonnent, la tenue décontractée au salon qui suit le souper. Ça fait partie de sa façon de peindre les principaux personnages qu’elle cerne à partir de leurs gestes. Le lecteur retrouve cette ambiance familière qui caractérise les romans de Perry : on a un peu l’impression de faire partie de la famille ou, en tout cas, du décor.

Perry, finalement, accorde peut-être plus d’importance à l’atmosphère qu’à l’enquête proprement dite. Les différentes séries qu’elle a produites se signalent d’abord et avant tout par le choix d’un moment historique : Londres 1880-1910 (William Pitt), 1910 (Daniel Pitt), Londres 1850-60 (Monk), 1914-18 (Reavley), 1933-34 (Elena Standish) … et plusieurs romans autour de la période de Noël.

C’est vrai que tout cela allonge la sauce et favorise les redites, mais c’est si bien écrit (traduit) et les personnages principaux sont si attachants qu’on s’y laisse prendre.

Extrait :
Les sympathisants des nazis (…) sont convaincus que, si nous sommes raisonnables, si nous reconnaissons que nous avons plus de points communs que de différences avec les Allemands, nous resterons en paix. Après tout, notre langue inclut beaucoup de mots latins, français et d’autres du monde entier, mais elle est basée sur l’allemand. Et la plus belle musique au monde a été composée par les Allemands. Sous la peau, nous sommes frères, ironisa Allenby ou, du moins, cousins.
─ Caïn et Abel aussi, lui fit remarquer Lucas avec amertume (…)
─ Ayons confiance en Dieu, mais gardons notre poudre au sec, lâcha Allenby.

Cotswolds

Niveau de satisfaction :
4.2 out of 5 stars (4,2 / 5)

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