Meurtre à Capri – Luca Ventura

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2020 (Mitten Im August. Der Capri-Krimi)
Date de publication française :
2024 (Librairie Générale Française)
Traduction (allemand) :
Dominique Autrand
Genre : Enquête
Personnages principaux :
Enrico Rizzi, Antonia Cirillo, policiers

C’est le premier roman d’une série policière qui met en vedette deux policiers : le jeune et entêté Enrico Rizzi et l’expérimentée et mystérieuse Antonia Cirillo. L’auteur est Allemand mais passe sa vie autour du golfe de Naples; c’est là, d’ailleurs que se passent les aventures de ses policiers, plus exactement à Capri. Les commentateurs ont vanté la description des paysages, la mer, « toujours recommencée », le soleil omniprésent, les vignes prometteuses, mais c’est bien plus que ça. Ventura est un bon conteur qui sait tenir son lecteur en haleine malgré la longueur du récit.

À la veille des réjouissances du 15 août, une barque échoue sur une plage de Capri dans laquelle un homme (Jack) a été poignardé à mort au cours de la nuit. C’est la première enquête de Rizzi sur un assassinat; à Capri, on a surtout affaire à des problèmes de drogues, d’alcool ou de bagarres, mais rien d’extravagant pour la police; d’où le petit nombre d’agents, la méfiance, pour ne pas dire, le mépris des policiers de Naples, et le fait qu’on demande à Rizzi d’enquêter avec Antonia Cirillo, une policière d’une quarantaine d’années qui a été mutée à Capri depuis quelques semaines (et qui semble avoir été rétrogradée).

D’abord, on  cherche à connaître l’identité du jeune homme décédé. Puis, comme il aurait été accompagné la veille de sa mort d’une jeune femme (Sofia), il faut retrouver cette compagne qui semble s’être évaporée. Le jeune homme aurait habité une grande maison, dans laquelle on retrouve un homme qui a été assommé. Cet incident complique l’enquête au lieu de la simplifier. L’essentiel est de retrouver Sofia qui était avec Jack dans la barque la nuit où il a été poignardé. On la rattrape et Rizzi commet une gaffe qui coûte presque la vie à Sofia. Cirillo intervient alors et Rizzi s’aperçoit qu’il l’avait injustement sous-estimée.

Un procédé intéressant est d’avoir divisé l’histoire en deux récits : le récit normal de l’enquête qui se poursuit jour après jour; et le récit raconté par Sofia à partir du moment où elle a quitté Jack. C’est comme si le suspense était multiplié par deux. Bien sûr, l’auteur intercale les tiraillements entre les autorités de Naples et celles de Capri, ce qui est assez classique; mais surtout il s’attarde sur la vie de Rizzi, sa famille, ses amis, son amante et le souvenir de son fils décédé. Comme c’est le premier roman d’une série, c’est normal de présenter les principaux personnages; Cirillo reste, cependant, mystérieuse, mais deux choses sont claires : d’abord, Rizzi s’aperçoit qu’elle a une expérience supérieure à la sienne et qu’il va devoir changer son attitude envers elle. D’autre part, la fin de cette première histoire n’inclut pas Cirillo dans les réjouissances familiales. Une fois l’enquête bouclée, elle a décidé d’aller se perdre dans la grande ville, quitte à se payer une petite aventure. Ce qui accentue l’autonomie de chaque enquêteur.

La suite promet beaucoup, entre autres à cause de ce binôme étonnant et étrangement complémentaire.

J’ai bien aimé.

Extrait :
À une cinquantaine de mètres des rochers flottait une barque où gisait un corps humain. Arrivé en bas, Rizzi rejoignit Cirillo et aperçut une main sur le plat-bord de la barque.
Le bateau mit le cap sur la barque, et Rizzi demanda : « Qui a donné l’alerte ? »
Cirillo désigna du menton une jeune femme en robe bleue assise à l’écart, dans l’ombre des rochers, un chien à côté d’elle. « Elle s’appelle Caterina Agnesi. Une vacancière. Elle vient nager ici le matin. »
En silence, ils regardèrent leurs collègues gardes-côtes s’avancer lentement vers la barque, un des hommes se pencher par-dessus le bastingage et se lancer dans un numéro d’acrobate pour attacher une corde à l’embarcation, ce qui se révélait plus difficile qu’on aurait pu le croire à distance.
« Nerveuse ? demanda Rizzi à sa nouvelle collègue.
– Non, répondit-elle. Et toi ? »

Capri

Niveau de satisfaction :
4.2 out of 5 stars (4,2 / 5)

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