Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2024 (The Way of the World)
Date de publication française : 2024 – Gallmeister
Traduction (américain) : Sophie Aslanides
Genres : Enquête, roman noir
Personnages principaux : Alice Hardy, victime d’une agression – Owen Pall, détective – Erik Reid, psychopathe qui haie les femmes – Mary Margaret Holding, vieille femme dépendante
En sortant du domicile de son amant, Alice Hardy est agressée par un homme armé d’un couteau qui l’entraîne dans une ruelle. Alice se débat et par chance elle réussit à récupérer le couteau et à blesser à la gorge son agresseur. Affolée, elle jette le couteau et revient chez son amant qui la persuade qu’il faut revenir dans la rue où elle a laissé l’homme blessé pour vérifier s’il est mort. Tous les deux reviennent sur les lieux et constatent qu’il n’y a ni couteau ni homme mort ou blessé. Alice est mariée, pour ne pas divulguer son infidélité et préserver sa famille, elle décide de ne rien dire ni à son mari ni à la police. Mais elle ne sait pas que quelqu’un a tout vu et même filmé. L’affaire va se compliquer quand d’autres protagonistes vont s’intéresser à Alice et son agresseur.
L’histoire est racontée par quatre narrateurs qui interviennent alternativement :
– Alice Hardy est professeur de théologie à l’université Saint Ignatius à Chicago. Son mari est également enseignant au même endroit. Alice peut bien s’envoyer en l’air avec un artisan viril, mais elle ne veut surtout pas que ça se sache, elle tient à préserver l’intégrité de sa famille bourgeoise. Donc elle ne dit rien de son agression pour ne pas avoir à expliquer une situation embarrassante.
– Owen Pall est un détective privé qui travaille surtout sur des affaires matrimoniales, adultères, divorces … Ce n’est pas un champion de l’éthique, il cherche avant tout à se faire un maximum d’argent avec les preuves qu’il rassemble. Dans cette affaire plus importante que celles qu’il traite d’habitude, il se montre opiniâtre et efficace, c’est ce qui le mettra en danger.
– Erik Reid, est un psychopathe qui déteste toutes les femmes. Il pousse son ex-coéquipier ambulancier à passer à l’acte pour qu’il enlève une femme qu’ils pourront ensuite torturer. Il est devenu auxiliaire de vie d’une vieille dame qui est sa logeuse. Il en profite outrageusement.
– Mary Margaret Holding est une dame âgée, dépendante, qui ne sort jamais de chez elle. Elle a embauché son locataire, Erik Reid, pour s’occuper d’elle et elle quémande souvent auprès de lui un peu de présence et d’attention, ce qu’il lui refuse souvent. Cependant Marie Margaret n’est pas si naïve qu’elle le paraît.
L’intrigue est magnifiquement bien ficelée autour de ces quatre protagonistes. Le suspense est bien entretenu et au fur et à mesure que l’histoire se déroule, elle évolue et bifurque souvent dans une direction imprévue. L’épilogue est particulièrement inattendu. Belle virtuosité de l’auteur !
Avec son intrigue tendue et ses personnages sombres, inquiétants pour certains, Ainsi va le monde est un roman noir, ironique et sulfureux.
Extrait :
Bien sûr, je savais que son orgueil l’aveuglait, et qu’il ne pouvait pas voir ce qui se passait vraiment. Sans qu’il s’en rende compte, Erik devenait de plus en plus dépendant de moi, et non le contraire. Il pensait que plus il m’utilisait, plus il avait de contrôle sur moi, mais la vérité était qu’il devenait dépendant de son propre confort. J’avais vu une émission d’Oprah un jour sur “Comment repérer le narcissique dans votre vie”, et bon sang, Erik cochait toutes les cases. L’ego, la colère. Oprah disait qu’un narcissique pense que le monde devrait lui appartenir et qu’il vit sa vie dans une rage immense parce que ce n’est pas le cas. Le portrait craché d’Erik.
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)