Un cimetière dans le cœur – Ian Rankin

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2022
(A Heart Full Of Headstones)
Date de publication française :
2023 (Lattès, Masque)
Traduction (écossais) :
Fabienne Gondrand
Genre : Thriller
Personnage principal :
John Rebus, flic à la retraite

Je n’avais pas lu de Rankin depuis un bon moment et j’ai décidé de voir ce que l’inspecteur Rebus devenait. Très stimulant au début des années 2000, Rankin avait fini par me fatiguer par la multiplication de ses personnages et par ses intrigues alambiquées qui n’en finissaient plus.

Maintenant à la retraite, Rebus continue de se conduire comme un électron libre. Il vit seul avec son chien Brillo et consulte, moins souvent qu’il devrait, son médecin pour des problèmes de vertiges et de douleurs thoraciques. Il voit parfois sa fille et sa petite-fille, et reste au courant des affaires policières grâce à son ancienne équipière Siobhan Clarke. Elle est justement actuellement chargée d’enquêter sur le meurtre de Francis Haggard, un policier accusé de violences conjugales contre son épouse Cheryl. Par ailleurs, le vieil ennemi de Rebus, le caïd Big Ger Cafferty, à qui Rebus avait sauvé la vie, lui demande de retrouver un de ses hommes, Jack Oram, qui lui aurait volé de l’argent pour, dit-il, s’excuser d’avoir menacé de le tuer. Rebus semble accepter cette mission, pour des raisons qui ne sont pas très claires, même pour lui.

Rankin traite ces deux enquêtes en même temps; d’ailleurs, elles se recoupent de bien des façons, d’autant plus que les autorités policières enquêtent aussi sur les agents du commissariat de Tynecastle, soupçonnés de comportements abusifs et d’être liés au crime organisé. Rebus avait parfois collaboré avec le chef du commissariat, Alan Fleck, et Malcolm Fox, formé au Service des plaintes, aimerait bien avoir leur peau à tous les deux. Y parviendra-t-il ? Et Siobhan Clarke trouvera-t-elle l’assassin de Haggard ? Et Rebus découvrira-t-il où se cache Oram ? Ça prendra bien des entrevues, des ballades en auto, et des whiskeys pour qu’on finisse par pouvoir répondre à ces questions.

Rien de trépidant, plutôt répétitif, et Rebus, toujours aussi peu sympathique, mérite la solitude amère dans laquelle il se complaît.

Au fond, c’est un peu comme un Donna Leon : une bonne partie du plaisir consiste à suivre la saga en entrant dans le monde de Rankin : l’éternel Rebus, sa collègue Siobhan, le gros Cafferty, sauf que ces gens-là sont moins attachants que Brunetti, Vianello et Elettra; et Édimbourg n’est pas Venise.

Extrait :
Cafferty désigna d’un geste le canapé de cuir crème et Rebus se fit une place en dégageant un gros coussin orné de la croix de Saint-André. La table basse était vide, exception faite du courrier qu’Andrew y avait déposé. Cafferty posa les yeux sur Rebus.
Et toi, alors ? s’enquit-il. Tu as passé une bonne pandémie ?
─ Il semblerait que j’aie survécu.
─ Ça résume bien notre situation, à tous les deux, tu ne trouves pas ? D’un autre côté, tu dois la sentir tout autant que moi.
─ Quoi donc ?
─ La mortalité, qui gratte à la porte.
Pour enfoncer le clou, Cafferty cogna les articulations de son poing contre l’accoudoir de son fauteuil roulant.
─ Eh ben, c’est gai, lâcha Rebus en se calant aussi confortablement que le canapé voulait bien le permettre.

Édimbourg

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

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