Des morts qui dérangent – Paco Ignacio Taibo II & Sous-commandant Marcos

Date de publication originale : 2005 (Muertos incomódos)
Date de publication française : 2006 (Rivages & Payot) et 2008 (Rivages/Noir)
Genres : Roman social et comédie noire humoristique
Personnages principaux : Héctor Belascoarán shane détective indépendant – Elías Contrarios  enquêteur zapatiste

Un présumé mort se met à téléphoner à plusieurs personnes pour dénoncer les exactions commises par un dénommé Morales proche de certains milieux gouvernementaux et de plusieurs groupuscules d’extrême droite au Mexique. Dans les Chiapas le sous-Commandant Marcos (le Sup dans le livre) de l’armée zapatiste de libération nationale dépêche son enquêteur indien, Elías Contrarios, pour élucider cette affaire. À Mexico Héctor Belascoarán, détective indépendant, mène sa propre investigation sur ce mystère. Les deux enquêteurs vont se rencontrer et collaborer. La traque de Morales est lancée.

Ce ne sera pas un monument d’investigation policière car dans ce bouquin le côté polar est plutôt anecdotique, c’est seulement un support et un prétexte pour dénoncer certains maux qui ravagent le Mexique : la corruption, les assassinats, l’arbitraire et l’injustice. Ce n’est guère étonnant vu le pedigree des auteurs. Paco Ignacio Taibi II est d’origine espagnole mais depuis l’âge de 9 ans il vit au Mexique. C’est un auteur engagé, un militant anti-fasciste (voir sa biographie sur Wikipédia Paco Ignacio Taibo II. De son côté le sous-Commandant Marcos est porte-parole de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), groupe armé révolutionnaire mexicain, dont les membres sont actifs au Chiapas depuis leur soulèvement en 1994 (voir Wikipédia Sous-Commandant Marcos). Le livre reflète donc les engagements de ses auteurs.

Il convient aussi de préciser la façon dont le livre a été conçu. L’idée vient du sous-Commandant Marcos qui suggère au romancier Paco Ignacio Taibo II, d’écrire un livre à quatre mains qui leur permettrait de parler des évènements actuels qui se déroulent au Mexique. Après accord, ils décident d’écrire chacun un chapitre en alternance. Taibo met en scène son personnage récurrent, le détective Héctor Belascoarán alors que le SC Marcos crée pour l’occasion l’enquêteur indien Elías Contrarios. Ce fut d’abord un feuilleton hebdomadaire qui parut dans le journal de Mexico La Jornada avant de devenir un livre. A signaler également que le prix grand public du Salon du livre de Paris en 2009 a été décerné à Paco Ignacio Taibo II pour ce roman et à lui seul. Peut être n’a-t-on pas voulu récompenser un écrivain non professionnel ? À moins qu’on n’ait eu peur de se compromettre avec un révolutionnaire ?

Alors si vous cherchez un vrai polar, vous serez probablement déçu par ce roman. Par contre si vous êtes curieux et intéressés par le Mexique, c’est une bonne lecture pour vous. J’ajouterai pour terminer que la dénonciation des maux qui gangrènent ce pays, ne va pas sans un sens de l’humour fortement prononcé. Comme souvent avec les auteurs Sud-américains, la réalité a quelque chose d’absurde et le cocasse y côtoie le dramatique.

Ma note :  4 / 5

 

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