Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2016 (The Wolf Road)
Date de publication française : 2017 chez Bragelonne
Genres : Aventures, Thriller, Grands espaces
Personnage principal : Elka, jeune sauvageonne
Dans une région imaginaire, la CéBé, il y a eu une guerre, des bombes sont tombées modifiant le climat et la végétation. Ce fut ce que les gens appellent la Grosse Cata. Depuis il se produit des événements climatiques brusques et violents : les tempêtes-monstres. Au cours d’une de ces tempêtes, la petite Elka, sa mamie et sa maison ont été emportées. Elka s’est retrouvée seule en pleine forêt, elle avait sept ans. Elle a été recueillie et élevée par un homme solitaire qui vivait dans une cabane. Trappeur, c’est le nom qu’elle lui a donné, est devenu son père d’adoption. Dix ans après, Elka est devenue une jeune fille complètement autonome, capable de chasser pour se nourrir, parfaitement à l’aise dans la forêt, entourée de toutes sortes d’animaux mais avec comme seule présence humaine Trappeur. Quand elle va découvrir la face cachée de Trappeur, sa vie va complètement changer. Alors elle va se rappeler que ses vraies parents sont partis vers le nord pour chercher l’or et la richesse, la laissant aux bons soins de sa grand-mère. Elle va chercher a les retrouver. La route sera longue, difficile et parsemée de grands dangers.
Ce n’est pas un roman post apocalyptique bien qu’il y ait eu un événement grave qui a entraîné l’humanité vers un retour en arrière. Il est vaguement question d’une guerre dont les belligérants ne sont pas clairement identifiés. Des bombes sont tombées provoquant des catastrophes. En fait par ce biais l’auteure installe un cadre qui est contemporain mais qui a toutes les apparences de celui de la deuxième moitié du 19ème siècle aux États-Unis. On est loin des paysages ravagés et désolés des livres post apocalyptiques. On est plutôt plongé dans une ambiance western, ruée vers l’or et pendaisons publiques comprises. Le décor a une grande importance dans ce roman dont une bonne partie se déroule dans les bois et forêts en compagnie des animaux qui les habitent notamment les loups et les ours.
Le personnage principal s’appelle Elka mais ce n’est pas son prénom de naissance qu’elle a oublié. Elle a été surnommée ainsi par Trappeur, son père d’adoption, car ses cheveux sont plus rêches que le pelage d’un élan. C’est une jeune sauvageonne parfaitement adaptée au milieu naturel dans lequel elle vit mais complètement désemparée face aux humains civilisés et leur façon de vivre. Elle est illettrée et ne comprend rien aux règles de la vie en société. Elle est instinctive comme un animal et sait se défendre. Elle préfère la compagnie d’un loup à celle des hommes. Il ne faut pas la mettre en rogne car elle a toujours un couteau à portée de main et elle sait s’en servir. Elka est un mélange détonnant de force, de naïveté et de candeur. Le personnage principal est atypique et tous les autres personnages sont typés et admirablement dessinés, que ce soit :
– Penelope, sa compagne d’infortune – Kreager Hallet, le tueur de femmes et d’enfants – Jennifer Lyon, le marshall – James Colby, le trafiquant de femmes …
Le cadre et les personnages sont réussis mais comment ne pas être admiratif devant le rythme impulsé dans la quête initiatique d’Elka. On est happé d’entrée pour ne plus être lâché par la suite. Elka nous entraîne dans une suite d’aventures et de péripéties ébouriffantes. On a vraiment du mal à abandonner le livre, l’intérêt ne faiblit jamais. La partie finale devient plus sombre frisant le roman d’horreur.
L’écriture de Beth Lewis, et la traduction de Benoît Domis, sont sobres et coulent facilement. Il y a de la poésie dans ces descriptions de la nature sauvage.
La voie du loup est un vrai roman d’aventures et un thriller haletant. C’est aussi un livre qui se distingue par son originalité. Un premier roman magistral !
Extrait :
J’ai regardé Penelope du coin de l’œil. Elle avait plus de connaissances que je ne le pensais. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me rendait nerveuse. Les gens qui ont appris des choses dans les livres ont cette manière de t’examiner comme si tu étais une énigme à résoudre. Certains sont prêts à tout pour y parvenir, même à tricher ou à te poignarder dans le dos. Colby avait fait ça. Sa ruse et ses belles paroles m’avaient amenée dans une caisse. Penelope m’avait soignée et m’avait sauvé la mise à Ellery. Après ça, je me demandais de quoi elle était encore capable – et ça m’effrayait un peu. Dans la nature, je pouvais tenir tête à un ours et me défendre contre un loup solitaire ou un couguar ; mais, dans le monde des gens, j’étais la traînarde du troupeau.
J’en avais assez.