Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2018
Date de publication française : 2019 (Seuil)
Traduction : David Fauquemberg
Genres : Aventures, Western
Personnages principaux : John Cyrus Bellman, fermier et explorateur amateur – Vieille Femme de Loin, jeune indien – Bess, 10 ans, fille de Bellman.
John Cyrus Bellman est un tranquille fermier de Pennsylvanie qui vit seul avec sa fille Bess de 10 ans depuis que son épouse est décédée. Un jour il lit dans une gazette que l’on a découvert dans le Kentucky des ossements colossaux qui semblaient avoir appartenu à des créatures gigantesques. Cette découverte l’obsède complètement. Il se sent investi d’une mission : retrouver ces animaux fantastiques qui, sans nul doute pour lui, vivent quelque part vers l’Ouest, au delà du Mississippi. Il décide donc de partir explorer le pays pour révéler au monde l’existence de ces créatures extraordinaires. Il abandonne sa ferme et sa fille de 10 ans, les confiant à sa sœur Julie qui voie son projet d’un très mauvais œil mais est contrainte d’accepter en grommelant devant la détermination sans faille de son fou de frère. En chemin Bellman aura recours au service d’un jeune indien malingre et disgracieux dont le nom n’est guère prometteur : Vieille Femme de Loin, mais dont l’appui est efficace. La quête de John Cyrus Bellman sera longue, difficile et ne se terminera pas de la façon souhaitée.
L’aventure de Bellman part d’un rêve un peu fou : découvrir des animaux fabuleux et révéler leur existence et l’endroit où ils vivent au monde entier. D’autres sont partis à la recherche de l’or pour devenir riches, Bellman, lui, veut devenir célèbre. C’est un explorateur dans l’âme sans en avoir ni les moyens ni l’organisation, ni le professionnalisme. Un explorateur amateur. Un passionné un peu cinglé qui n’a pas les pieds sur terre. Il part avec beaucoup d’enthousiasme, peu de préparation et une bonne dose d’inconscience. Les grands animaux en question ne sont pas nommés mais ils ressemblent, d’après leur description succincte aux mammouths, disparus depuis plus de dix mille ans, Bellman ne risque pas de les trouver !
A côté de cet homme idéaliste, grand, impressionnant et puissamment bâti, se trouve tout son contraire : un jeune indien maigrichon aux jambes arquées qui ne paie pas de mine mais qui est efficace et résistant. Un garçon habitué à vivre à la dure. Il considère comme des petits trésors les babioles que les blancs utilisent pour payer ses services : une vieille chemise, des perles, des aiguilles à tricoter, des rubans, une boussole … N’empêche que lui est mieux adapté aux conditions difficiles de l’excursion que son employeur. L’Indien ne rêve pas, ses grands projets se limitent à se procurer le chapeau ou le fusil de l’homme blanc. Réussir à avoir les deux serait sa plus grande satisfaction.
Bess, la fille de l’explorateur en est réduite à imaginer la quête de son père. Les livres de la bibliothèque municipale pourraient l’aider mais le bibliothécaire l’effraie. D’autres dangers, près de chez elle, menacent cette jeune fille qui devient de plus en plus belle en grandissant.
West est un western, mais pas un de ceux qui montrent la conquête de l’Ouest et les territoires gagnés à grand coups de fusils ou de revolvers, c’est un western d’aventures paisibles et de découverte de régions inconnues, sensées abriter des créatures fantastiques. C’est aussi une fable qui montre comment un homme lâche tout ce qu’il tient pour partir à la recherche insensée de ses fantasmes, faisant preuve de l’inconscience la plus totale, incapable d’appréhender les dangers auxquels il va devoir faire face et ceux auxquels il va exposer sa fille en son absence.
West est un roman original et poétique sur l’Ouest américain. Un hymne à la force et la beauté d’une nature qui peut se révéler aussi dangereuse que grandiose.
Extrait :
Il arpentait la pièce et, toutes les demi-heures, il sortait de sa poche le papier plié et le lissait sur le dessus de la table jusqu’à ce qu’il soit bien plat, avant de le relire : il n’y avait pas d’illustrations, mais dans son esprit ils ressemblaient à une église en ruine, ou une épave de pierre – les os monstrueux, les prodigieuses défenses, découverts là où ils gisaient, enfouis dans la boue salée du Kentucky : des dents grosses comme des citrouilles, des omoplates d’un mètre de large, des mâchoires qui laissaient deviner un crâne haut comme un homme de grande taille. Une créature totalement inconnue. Un animal incognitum. Des gens qui farfouillaient parmi ces carcasses gigantesques, en se demandant ce qui avait bien pu arriver aux bêtes démesurées auxquelles ces os avaient appartenu. Et si, peut-être, de tels monstres foulaient encore la terre, dans les territoires inexplorés de l’Ouest.
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)