Le Tribunal de la rue Quirion – Guillaume Morrissette

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2019 (Ed Guy Saint-Jean)
Genre : Enquête
Personnage principal : Inspecteur Héroux (Police de Trois-Rivières)

Guillaume Morrissette s’est fait surtout connaître par la série policière qui met en vedette l’Inspecteur Héroux de la police de Trois-Rivières. L’an passé, il a réalisé un vieux fantasme en publiant une dystopie très réussie, L’Oracle et le révolver. Cette année, il revient à Trois-Rivières avec l’Inspecteur Héroux : dans un boisé au nord de la ville, des enfants découvrent un péroné qui n’est plus de prime jeunesse. Des analyses révèlent qu’il a été enterré il y a une vingtaine d’années.

Héroux et ses acolytes prennent le cas au sérieux, d’autant plus que, au cours de la nuit qui a suivi la découverte, quelqu’un est revenu sur le terrain et semble avoir fouillé les lieux. D’un côté, on découvre que l’os appartient à un jeune homme disparu il y a 20 ans; d’un autre côté, les enfants constituent une sorte de tribunal et cherchent à savoir qui est retourné dans le bois et dans quel but.

L’enquête officielle est très classique et révèle peu de surprises , sinon qu’on mène les recherches auprès des enfants et de leurs parents, en même temps qu’on remonte dans le temps pour essayer de découvrir des informations auprès de ceux et celles qui auraient rencontré le porté disparu lors d’un rassemblement d’une vingtaine de personnes, qui communiquaient entre elles sur internet, dans l’anonymat, chacun ne connaissant les autres que par leur surnom. Pendant ce temps, malgré les animosités et les chamailleries, les enfants parviennent presque à établir lequel des parents s’est mêlé de leur affaire.

Morrissette profite un peu de l’occasion pour donner plus d’espace aux collègues de Héroux, notamment Brigitte Soucy, très habile avec les enfants, l’enquêteur Jérôme Landry, tout feu tout flamme, et Christian Berberat, le technicien en identité judiciaire tout heureux de travailler sur le terrain. L’originalité du roman réside surtout dans la présentation du monde des enfants, dont l’un est d’ailleurs l’auteur d’une bonne partie du récit. On sent bien la nostalgie de Morrissette.

Bref, un écrit sympathique, presque reposant pour un roman policier, où l’auteur nous présente une nouvelle facette de son talent.

Extrait :
S’il y avait une fille qui était mince, c’était bien la grande Magalie Flamand. Moi, je la trouvais même un peu belle, surtout depuis la fois où j’avais grimpé sur la première marche de l’escabeau pour lui donner un bec, dans la remise en arrière de chez Cloutier. Bon, elle avait été obligée de le donner, le bec, mais elle aurait pu courir plus vite et éviter que je la tague. J’ai toujours pensé qu’elle avait fait exprès pour se faire poigner. Avec des jambes de même, elle pouvait battre n’importe qui à la course, même les cinquièmes pis les sixièmes 1 .
– Pourquoi tu la traites de grosse ? que j’ai demandé. Elle est loin d’être grosse.
– Je dis pas qu’elle est grosse tout de suite, je dis qu’elle va être grosse plus tard. Martin Mainville faisait des courbes avec ses bras pour mimer son explication.
– C’est à cause de ses genoux. Mon père dit que quand les genoux plient par en dedans, de même, c’est que le corps se prépare à ce que la fille soit grosse. « C’est la science, comme c’est arrivé avec ta mère ! » qu’il m’a expliqué.
– Ta mère est grosse ?
– Ben…pas tant.
– Y’est biz, ton père.
J’étais pas d’accord, science ou pas.
– Moi, je la trouve belle de même, Magalie.

1 Au Québec, les cinquièmes et sixièmes années correspondent aux cinquièmes et sixièmes années du cours primaire, donc à des élèves de 10 à 12 ans.

Niveau de satisfaction :
3.6 out of 5 stars (3,6 / 5)

 

 

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