Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2018 (The Mogul)
Date de publication française : 2024 – Mera Editions
Traduction : Iris le Guinio
Genre : Thriller judiciaire
Personnages principaux : Prem Bedi, magnat des affaires – Tej Malhotra, ami et associé de Prem – Rohan Malhotra, fils de Tej et avocat – Ranjeet Dutta, commissaire adjoint de police – Manish Desai, beau-frère de l’ex-épouse de Prem Bedi
Prem Bedi, surnommé le Magnat, est une des plus grandes fortunes de l’Inde. Au retour d’un voyage d’affaires en Corée du Sud, il apprend que son ex-femme et son nouveau mari ont été assassinés. L’enquête révèle que l’arme du crime est un club de golf. Prem Bedi pratique le golf, il est même président d’un prestigieux club de golf de Mumbai. Autre élément que les enquêteurs ont trouvé sur la scène de crime : l’empreinte d’une semelle de chaussure taille 42. La même taille que les chaussures portées par Bedi. L’arme et l’empreinte relient Bedi au crime. Son ami et associé Tej Malhotra est inquiet, il voit le piège se refermer sur Bedi, alors que celui-ci reste parfaitement serein et confiant en la police et la justice. Il sera cependant obligé de se justifier devant un tribunal. S’engage alors une féroce bataille juridique très médiatisée.
Cette histoire se présente sous la forme d’un roman choral à voix multiples. Interviennent dans la narration : l’ami du Magnat, son avocat, le commissaire adjoint chargé de l’enquête, le beau-frère qui veut faire condamner Bedi, son avocat, un commissaire de police corrompu et quelques autres encore. Outre la diversité des points de vue, cela donne du rythme au roman.
Le roman judiciaire indien n’est pas très différent du roman judiciaire occidental, d’ailleurs Vish Dhamija a été qualifié de John Grisham indien. Cependant le riche homme d’affaires a rarement le beau rôle dans le roman occidental. Ici, Prem Bedi possède une immense fortune, il est de sang royal, mais il est aussi très humain, modeste et aimé non seulement de ses associés, mais aussi de ses employés. C’est un patron que tout le monde adore. Dans la difficulté il garde le sourire et une grande maîtrise de lui. Toujours confiant en ses amis, en la police et la justice. Bref, un ange ! On finit par se demander si une telle personnalité pleine de bonté et de bienveillance est compatible avec sa position de puissant homme d’affaires. Il est très loin des requins de la finance que nous rencontrons souvent dans les romans ou films occidentaux. Mais Vish Dhamija est un malin, il utilise ingénieusement la personnalité de Bedi pour construire un roman plein de suspense et de rebondissements.
Au passage, l’auteur montre la corruption de la police. Il semblerait aussi qu’en Inde des policiers n’hésitent pas à balancer des informations confidentielles aux avocats des deux camps.
Le Magnat est un thriller judiciaire prenant par ses péripéties et astucieux par son intrigue basée sur une faille dans les analyses de sang et d’ADN qui existait avant 2005 et qui a été corrigée depuis. L’auteur réussit à mener en bateau le lecteur tout le long de cette histoire. Un lecteur finalement ravi de s’être fait mystifier.
Extrait :
— Monsieur Desai, laissez-moi vous expliquer les choses simplement. Si monsieur Bedi était condamné pour le meurtre de madame Rea Desai, il perdrait le droit de toucher l’argent qui a été présenté par l’accusation comme le mobile du meurtre. Dans ce cas-là, vous et vous seul pourriez recevoir l’argent de l’assurance de madame Rea Desai et aussi de celle de monsieur Prem Bedi. Donc, bien que vous soyez en deuil, et je suis vraiment navré que cet acte horrible ait été commis, qui qu’en soit l’auteur, vous avez une excellente raison de vouloir que monsieur Bedi soit condamné pour ces meurtres, vous ne croyez pas ? Je lui lançai un regard noir.
Niveau de satisfaction :
(4,2 / 5)