Article 36 – Henri Vernet

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2019
(
Jean-Claude Lattès)
Genre : Thriller politique
Personnages principaux : Maxime Gerfaut, Général – Marc Cardignac, Président de la République – Alice Valbergues, conseillère du président

Paris 2020. Après des attentats sanglants qui ont frappé la France des manifestations violentes se déroulent dans les rues de la capitale. Parmi les groupes d’hommes et de femmes habillés de jaune, des types encagoulés, vêtus de noir, se livrent au pillage. Des magasins de luxe sont saccagés, des voitures incendiées. Pendant ce temps, en Syrie, le général français Maxime Gerfaut, passant outre les ordres hiérarchiques, sauve des femmes yésidies kidnappées par l’armée syrienne. Son acte le rend célèbre et populaire, il devient le général Courage. En France, les choses empirent : un attentat a lieu contre le président de la République Marc Cardignac. Le président s’en sort indemne mais devant le chaos qui s’annonce il décide à faire appel à l’article 36 de la Constitution. Cet article n’a jamais été employé depuis la création de la cinquième République mais il est resté dans la Constitution. Il peut être déclenché dès lors qu’une partie du territoire national est en proie à une insurrection armée. Il confie tout le pouvoir à l’armée. Pour amortir le choc du passage à l’état de siège, le président Cardignac nomme le populaire général Gerfaut à la tête de l’armée. Il est chargé de rétablir l’ordre et l’unité du pays. Après une brève amélioration, la situation va encore plus se compliquer. Dans un pays comme la France les choses sont plus complexes que sur un champ d’opération militaire et le danger ne vient pas d’où on l’attend. Le général Maxime Gerfaut ne va pas tarder à l’apprendre.

Ce roman est un thriller politique, donc une œuvre d’imagination. Cependant il est inspiré de faits bien réels. On reconnaîtra facilement les manifestations de Gilets Jaunes et la présence des Black Blocs. Certains personnages correspondent furieusement à ceux que nous connaissons bien : le président Cardignac par exemple a une forte ressemblance avec Emmanuel Macron, notre président actuel . Quant à l’article 36 de la Constitution, ce n’est pas une invention, il existe bel et bien. C’est donc en se basant sur les événements actuels que l’auteur développe une intrigue complexe et totalement crédible. Il a imaginé une évolution de la situation politique actuelle de la France qui pourrait, au premier abord paraître assez invraisemblable, puisqu’il s’agit de mettre la France sous régime militaire. Mais, au fil des analyses et des arguments développés, on finit par se dire que ce scénario est finalement tout à fait possible. On sent que l’auteur est un fin connaisseur, non seulement des arcanes de la politique, mais aussi des personnes qui la font. Tout y est : de la conseillère influente et ambitieuse, à la chargée de communication dévouée, jusqu’aux ministres aux conceptions démocratiques opposées, en passant par un think-tank aussi puissant qu’inquiétant et un général trois étoiles auréolé de gloire. Les luttes pour le pouvoir et le choc des ambitions des requins de la politique sont impressionnants de vérité.

Dans ce roman légèrement futuriste, puisque les faits sont situés en 2020, l’auteur développe l’intrigue d’un pays en ébullition dont le président décide de confier à l’armée la tâche de rétablir l’ordre en lui accordant les pleins pouvoirs. Un scénario assez réaliste d’une situation poussée à l’extrême mais finalement pas si inconcevable que ça. C’est si bien réalisé que ça en devient tout à fait crédible. Espérons que ça ne soit pas visionnaire.

Extrait :
Passé le choc initial, chacun songeait à ce qu’impliquait l’activation de l’article 36. L’état d’urgence puissance dix, les tanks dans les rues et les cités, les militaires aux commandes, partout. Le pays muselé d’un coup. C’était tout simplement vertigineux. La voix de Cardignac, qui avait perçu ce flottement, brisa le silence pesant :
— Rassurez-vous, je n’ai pas l’intention de jouer en France un remake du Chili de Pinochet. Mais je veux que l’on se donne les moyens d’en finir une bonne fois avec cette chienlit avant qu’elle ne gangrène la nation entière.
Chienlit. Le président avait utilisé à dessein le mot du général de Gaulle en Mai 68, désemparé face à un mouvement qu’il ne comprenait pas. Sauf que la chienlit, aujourd’hui, était mortelle.

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

 

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