Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2021 (Natrium Chlorid)
Date de publication française : 2022 (Albin Michel, LP)
Traduction (danois) : Caroline Berg
Genres : Thriller, enquête
Personnage principal : Carl Morck, Département V
C’est la neuvième enquête du Département V. J’en ai lu 4 ou 5; c’est bien fait, en gros, mais il y a toujours quelque chose qui me frustre dans les romans d’Adler-Olsen : trop long, un peu tiré par les cheveux, personnages qui frisent la caricature, trop d’intrigues en même temps … Malgré tout, l’auteur a le sens du suspense et finit toujours par me captiver. Ce roman ne fait pas exception.
Le Département V a été créé pour analyser des cold cases (des affaires classées), auxquelles personne ne s’intéresse plus. On a confié ce Département à des policiers dont on voulait plus ou moins se débarrasser : l’intelligent mais imprévisible et indiscipliné Carl Morck; l’irascible et fonceuse Rose Knudsen; l’ingénieux mais bizarre Assad; et le dynamique mais inexpérimenté Gordon.
Ils enquêtent aujourd’hui (décembre 2020) sur un cas qui s’est produit dans les années 1980 : l’explosion d’un garage automobile avait tué une dizaine de personnes dont un petit garçon; et on avait découvert un tas de sel près des débris. La présence du sel rappelle à Marcus (le patron de Carl) d’autres scènes de crimes ou de suicides apparents où du sel de cuisine avait été répandu. Comme s’il s’agissait d’une signature. L’équipe se met à l’œuvre et il apparaît que, depuis trente ans, un tueur aurait déguisé ses meurtres en accidents ou en suicides. À tous les deux ans. En déposant du sel sur les lieux. Et, chaque fois, l’exécution a lieu au moment de l’anniversaire de la naissance d’un grand criminel qui a sévi dans l’Histoire : Milosevic, Idi Amin Dada, Mao, Staline, Duvalier, Saddam Hussein … On observe enfin que les victimes étaient des personnes peu recommandables qui, le plus souvent, avaient acquis leur fortune en exploitant autrui.
Une bonne partie des recherches s’effectuent dans des dossiers; et les entrevues passent par le téléphone, parce qu’on est en période de covid; ce qui rend l’enquête peu palpitante. Pour changer le mal de place, l’auteur intercale des chapitres qui décrivent les victimes et les criminels impliqués dans cette série d’assassinats. Par ailleurs, ce qui rend aussi l’enquête difficile, c’est que Morck est poursuivi pour une possible possession de drogues, et son équipe est recherchée pour complicité après le fait. Adler-Olson est friand de ces petits problèmes à l’intérieur d’un gros problème.
Mais quand l’affrontement se produit (les cent dernières pages), il devient difficile de lâcher le roman.
Donc, encore une fois et malgré tout, on finit par être pris au jeu. Dans ce cas-ci, cependant, pour connaître la solution d’un petit problème, il faut se procurer le roman suivant. Ça, j’ai bien de la difficulté à l’accepter. C’est comme lire un roman sans savoir que pour connaître l’issue des problèmes, il faudra acheter le roman suivant ! La dixième et dernière enquête du Département V vient d’ailleurs de paraître, mais je ne suis pas certain que je vais l’acheter : on proteste comme on peut !
Extrait :
─ « Plus je creuse le sujet, plus je suis étonnée de voir l’importance du sel dans l’histoire du monde, et aussi avec quelle violence les représentants du pouvoir ont utilisé ce condiment essentiel pour asservir l’homme de la rue. À la fin du XVIIIe siècle, le monopole du sel a joué un rôle dans la Révolution française. Même chose aux États-Unis, lorsque les Américains se sont révoltés contre les Anglais. En Inde, en 1930, avec sa longue marche pour la paix, Gandhi s’insurgeait contre le monopole du sel de l’Empire britannique. Avec ses disciples, ils avaient obtenu du sel par évaporation de l’eau de mer, transgressant ainsi la loi édictée par l’Angleterre. Le Mahatma fut emprisonné, la révolte éclata en Inde et l’Angleterre perdit le pouvoir. Une fois de plus, à cause du sel. Même dans la Bible, le sel a une signification. »
Niveau de satisfaction :
(3,5 / 5)