Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2024 (Québec-Amérique)
Genres : Enquête, sociologique
Personnage principal : Sergent André Surprenant, SPVM
Surprenant a commencé sa carrière de policier aux Îles-de-la-Madeleine; il a ensuite été déplacé à Québec, puis à Montréal où il vit maintenant avec Geneviève, sa deuxième conjointe. Le 20 décembre, un vieil ami des Îles lui demande de venir pour enquêter sur la mort d’une éleveuse de moutons et de son chien, l’une et l’autre tirés à bout portant. Après avoir promis à Geneviève qu’il reviendrait pour Noël, Surprenant s’envole pour les Îles où il rencontre une jeune policière, peu expérimentée mais douée, Olivia Mansour. Ils ont peu de temps pour résoudre cet assassinat.
Après avoir soupé au restaurant de son conjoint Santoro (Les Montants), Florence Turbide est allée promener un de ses chiens, selon son habitude. Son amie Ella Arseneau a fait un bout de chemin avec elle; puis, Florence a continué sa route sur le chemin des Montants. Vers une heure du matin, son mari, parti à sa recherche, l’a retrouvée, défigurée par deux balles en plein visage. Son chien gisait à ses côtés. Surprenant et Mansour dressent rapidement la liste des suspects : son mari Santoro; son amie Ella; son premier mari Schofield; sa fille Delphine (dont le père est Schofield); Vitale, le prof d’italien de Florence; Octave Loiseau, frère de Florence, chez qui on trouve le pistolet, auparavant en couple avec Ella; Paule Greco, l’influenceuse. Et, sans doute, quelques autres.
On interroge les suspects, vérifie les alibis, réinterroge les suspects, élabore des hypothèses. On s’interroge sur les mobiles : argent (Florence détient des terres, des animaux (cf. l’entreprise Les Moutons des Montants) et des immeubles), jalousie, haine, vengeance ??? Surprenant et Mansour n’avancent pas rapidement. Lemieux se soucie du réalisme : le travail des policiers est souvent fastidieux, répétitif, frustrant. La réalité n’est pas toujours excitante. L’auteur brise donc la monotonie de l’enquête par des descriptions typiques des paysages (les Îles sous la neige c’est assez féérique) et des personnages (y compris leur parlure), et par un style d’écriture aux métaphores audacieuses, agrémentées d’un humour subtil et de clins d’œil aux intellectuels (plusieurs références à la mythologie et aux musiciens classiques, aux peintres, aux écrivains et aux comédiens). Et le contexte est nettement québécois et ancré dans la réalité historique actuelle (cf. la mort de Vito Rizzuto).
L’intrigue policière comme telle semble passer au second plan et les enquêteurs doivent compter sur la chance, y compris pour trouver le véritable propriétaire de l’arme du crime. Par contre, il est certain que tous ces éléments se trouveraient à leur place dans un film qui nous charmerait par la beauté des paysages, la truculence des personnages et l’originalité du binôme Mansour/Surprenant.
Extrait :
Surprenant avait craint d’avoir à lutter contre le sommeil. Il s’aperçut bientôt que le seul voisinage de son pistolet chargé et la revue des éléments de l’affaire suffisaient à le garder éveillé. En vingt-sept années de service, il n’avait jamais eu à faire usage de son arme. Rarement, il l’avait tirée de son holster, était entré dans des espaces non sécurisés en position de combat, avait tenu des suspects en joue, mais n’avait jamais eu à tirer en direction d’un humain (…) Son travail au sein de l’escouade des crimes majeurs du SPVM tenait davantage du jeu de stratégie que des techniques de combat. Sa faction nocturne dans un restaurant fermé dans un chemin de campagne aux Îles-de-la-Madeleine n’était qu’une anomalie parmi d’autres dans cette enquête qu’il préféra qualifier de hors norme plutôt que de broche à foin.
Niveau de satisfaction :
(3,5 / 5)