Date de publication : 2008 sous le titre A Prisoner of birth
Date édition française : 2009 aux Editions Firt et avril 2010 au Livre de Poche
Genre : Thriller judiciaire
Personnages principaux : Danny Cartwright jeune homme modeste, Beth Wilson sa fiancée, Nick Moncrieff ami de Danny
Danny Cartwright, modeste garagiste issue du quartier East End de Londres, se décide à demander en mariage son amie d’enfance Beth Wilson. Celle-ci accepte et ils décident de fêter l’évènement dans un bar en compagnie du frère de la jeune fille qui est aussi un ami d’enfance de Danny. Par Malheur, dans le bar ils croisent la route d’un quatuor passablement alcoolisé qui les provoque. Une bagarre se déclenche. Elle tourne mal : le frère de Beth est tué d’un coup de couteau. Les apparences sont contre Danny puisqu’il est retrouvé couvert de sang et avec le couteau en main. Danny est accusé de meurtre. Lors du procès qui suit, Danny est mis en cause par le témoignage accablant et convergeant des quatre provocateurs. Ceux-ci sont des notables : un avocat brillant, un associé d’une grande agence immobilière, un bellâtre acteur à succès d’une série télévisée et un aristocrate. Malgré le talent de son jeune avocat, Danny est condamné à vingt-deux ans de prison.
Prison, liberté, vengeance, rédemption et jugement final sont les chapitres suivants du roman. Jeffrey Archer est probablement un admirateur d’Alexandre Dumas. Il reprend le même scénario que celui développé dans Le Compte de Monté-Cristo. On retrouve même les Trois mousquetaires, qui étaient quatre c’est bien connu, c’est nos quatre notables sans scrupule. Ils s’appellent eux-mêmes Les Mousquetaires. Mais ici les Mousquetaires ne sont pas des hommes d’honneur qui défendent la reine, non ! Ce sont des « méchants » qui vont faire accuser à tord un innocent mais ils respectent la devise de solidarité « Un pour tous, Tous pour un » … jusqu’à un certain point. La référence à Dumas est fréquente dans le livre.
Ce bouquin procure un vrai plaisir de lecture. C’est à la fois un roman d’aventures et un thriller judiciaire. Le début et la fin, décrivent des procès. A mon avis ce sont les parties les plus intéressantes et les mieux réussies. Le roman met en scène des jeunes gens : les amoureux Danny et Beth, leurs ennemis de la bande des quatre, un jeune avocat talentueux mais inexpérimenté, tous ces personnages ont entre 20 et 30 ans. Mais il y a aussi quelques portraits savoureux de vétérans: Courbertin banquier Suisse, Munro avocat écossais et Matthew Redmayne avocat, père d’Alex, le jeune avocat défenseur de Danny. Ils sont tous les trois du côté de Danny qui n’est pas si seul que cela, contrairement à ce qu’affirme le titre français du livre. Et ceux-là il vaut mieux les avoir avec soi que contre soi ! Car ils sont terriblement efficaces ces vieux ! Rusés, malins, roublards, il n’y a pas intérêt à se frotter à eux, certains vont l’apprendre à leurs dépens. Redoutables les papys ! Vers le milieu, ce sont les montages financiers et les transactions d’affaires qui sont décrits.
Personnellement, j’ai trouvé qu’il y avait là quelques longueurs. Le principal reproche que l’on peut faire c’est le manque de vraisemblance : la probabilité d’avoir une ressemblance aussi frappante entre deux individus n’ayant aucun lien de parenté (Danny et Nick) et qu’en plus ils se retrouvent dans la même cellule, doit être infinitésimale. Comment nous faire admettre qu’un petit garagiste, analphabète devienne en quelques mois un redoutable homme d’affaire capable d’en remontrer aux banquiers suisses ? Que ce même jeune homme, qui au départ, avait du mal à s’exprimer correctement, se transforme en lord raffiné et cultivé dans le même temps ? Moins grave mais assez marrant : la jeune fiancée Beth qui est jolie, intelligente indépendante, qui gagne sa vie, bref qui est une femme bien actuelle, se transforme en Pénélope, ne se laissant pas courtiser par aucun homme et restant à jamais fidèle à son amoureux qu’elle croit décédé. Vous en connaissez beaucoup de jeunes filles comme ça, dans notre siècle ? Cela m’a bien fait rire ! A certains moments, le récit sent un peu l’eau de rose avec notamment une lettre de rupture déchirante couverte de larmes. Archer ! Grand sentimental va ! Cela peut surprendre dans un polar. Pour en terminer avec les réserves, et cela ne concerne nullement l’auteur, mais s’adresse aux éditeurs, c’est le titre français : Seul contre tous. En effet Danny bien que victime, n’est jamais seul, même en prison. Au contraire tout au long de l’histoire il bénéficie d’appuis, drôlement efficaces en plus. Le titre anglais A Prisoner of birth est mieux adapté au thème et donne une meilleure idée du livre. C’est quand même une mauvaise manie que celle d’inventer un titre se voulant accrocheur qui ne correspond à rien ! A condition de se laisser emporter par le récit, sans trop analyser et de ne pas s’offusquer des invraisemblances, Archer nous procure ici une bonne lecture qui fait passer un excellent moment.
Jeffrey Howard Archer (Baron Archer of Weston-super-Mare, s’il vous plait !) est né le 15 avril 1940 à Londres. Il est écrivain et ancien homme politique britannique. Sa carrière politique est parsemée de plusieurs scandales et controverses ; elle prend fin quand il est reconnu coupable de parjure dans une de ces affaires et est emprisonné. Il est le mari de Mary Archer, scientifique reconnue de l’énergie solaire. Il a écrit de nombreux romans dont une douzaine ont été traduit en français. Seul contre tous (A Prisoner of Birth) a obtenu le Prix Polar International en 2009. Son dernier livre Le sentier de la gloire (Paths of Glory) a obtenu le Prix Relay du roman d’évasion en 2010.
Ma note : 4 / 5