Brébeuf – Catherine Côté

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2020 (Triptyque)
Genre : Enquête
Personnages principaux : Léopold Gauthier, ex-flic – Marcus O’Malley, sergent-détective

C’est le premier polar de Catherine Côté qui, malgré son jeune âge (elle n’a pas 30 ans), a publié beaucoup et dans bien des domaines depuis une dizaine d’années.

Fin des années 40 à Montréal : après une absence de six ans due à la guerre, Léopold Gauthier retrouve sa femme Suzanne, journaliste au Montréal-Matin, son ami Marcus O’Malley, sergent-détective à la Police de Montréal, et un nouveau monde dans lequel il a de la misère à s’intégrer. C’est une des raisons pour lesquelles Marcus lui propose de l’assister dans une enquête qu’il mène au Collège Jean-de-Brébeuf, où un jeune garçon a été assassiné et, probablement, violé. Sur les lieux, on apprend qu’un autre élève est porté disparu depuis quelques jours. Puis, sur le Mont-Royal, deux autres cadavres de jeunes sont découverts, étranglés et dévêtus selon le même modus operandi : sûrement l’œuvre d’un tueur en série. Et ce n’est pas fini.

L’escouade de la Moralité (un groupe de femmes mené par Adèle Dubosc) vient donner un coup de main aux hommes d’O’Malley et à la journaliste Suzanne Gauthier. On ratisse la montagne, on interroge la population de Brébeuf (élèves, professeurs, employés de soutien), on surveille le quartier, particulièrement le Chemin de la Côte-des-Neiges. L’enquête semble améliorer la santé mentale de Léopold plus que l’aide de son psychiatre. Finalement, un coup de téléphone opportun et un portrait-robot permettent de cerner la résidence du suspect.

C’est un polar d’enquête divertissant. L’objectif n’est pas de produire de grandes émotions ni d’ébahir le lecteur par la subtilité des enquêteurs. Les personnages sont trop minces pour qu’on s’y attache vraiment. Le fait de situer l’action à Montréal au début des années 50 est un plus pour le montréalais que je suis. Mais l’intrigue est plutôt simple et comporte au moins une invraisemblance : le directeur du collège, le père Thibodeau, aurait dû s’apercevoir et s’indigner de la disparition du dossier récemment déposé dans son tiroir. Piquer ce dossier n’a pas été le meilleur coup de Léopold, d’autant plus qu’on n’en a pas tiré grand-chose.

Malgré tout, on comprend que l’auteure a du plaisir à explorer plusieurs types d’écriture et, ici, elle a su intégrer des thèmes usuels : la rivalité policier/policière au sein de la police (à cette époque les policières n’ont pas le droit de porter une arme), le métier difficile de flic (divorce, alcoolisme), le fait de se sentir utile comme antidépresseur (Léopold semble se remettre de sa déprime post-traumatique). Et la lecture est facile.

En ce sens, ce roman mérite d’être souligné.

Extrait :
En route vers Brébeuf, Léopold réfléchit à l’hypothèse d’Adèle. Il repense à ses propres années à l’école, aux frères qui se chargeaient de son éducation. Il se demande si elle a raison. Il espère, vraiment, qu’elle a tort.
Ses années au collège avaient été de belles années, après tout. Pleines de rires et de blagues, d’amitié et de tourments d’adolescent. À se demander ce qu’il voudrait faire de sa vie, quel genre d’homme il deviendrait et, surtout, quel genre de fille pourrait l’accompagner. Et si on lui avait affirmé, alors, qu’il allait épouser une femme comme Suzanne, il ne l’aurait jamais cru.
Il sait que c’est facile, au fond, d’être nostalgique. Peut-être que Brébeuf n’est pas si idyllique que ça. Peut-être que le collège a des choses à cacher. Léopold emprunte le chemin qui mène à l’entrée. Le vent d’octobre secoue les chênes dénudés, dont les branches craquent. Léopold relève le col de son manteau.

Collège Jean-de-Brébeuf

Niveau de satisfaction :
3.3 out of 5 stars (3,3 / 5)

 

 

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