Luca – Franck Thilliez

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2019 (Fleuve noir, Pocket)
Genres :
Enquête, thriller
Personnage principal :
Sharko, commandant à la Brigade criminelle de Paris

S’embarquer dans un Thilliez, c’est tout un contrat ! L’intrigue est complexe, les rebondissements se multiplient, les informations techniques sont touffues, et les principaux personnages sont aux prises avec des problèmes personnels mystérieux qui les perturbent continuellement. Même si on a hâte de tout comprendre, il faut prendre son temps pour assimiler tout ça.

Des parents engagent secrètement une mère porteuse, ce qui est interdit en France[1]. La jeune femme accouche, disparaît, on la retrouvera assassinée. Les parents adoptifs n’ont pas accès au bébé Luca. On découvre que le sperme du géniteur biologique n’était pas celui du donneur supposé.

Puis, devant un bâtiment de la police, un type vient livrer une enveloppe; son corps semble exploser dans les bras du policier Nicolas Bellanger. Le message prévoit une épidémie de choléra à Cuba, des affrontements au Soudan, et une inondation de la gare d’Austerlitz. Et prétend que nous sommes tous les esclaves de grandes entreprises comme Facebook, Google, et de plusieurs laboratoires qui, sous prétexte d’améliorer le corps humain, nous transforment en robots. Le message annonce un site où ces horreurs seront illustrées et dénoncées. Et si on s’avisait de fermer le site, alors seraient éliminés deux individus qui ont été kidnappés : Bertrand Lesage, le donneur de sperme qui souhaitait avoir un enfant, et Florence Viseur, une jeune femme qui travaille dans l’informatique, adepte du jogging et des voyages.

Le lendemain, on découvre un cadavre affreusement mutilé, comme s’il avait été attaqué par un chien énorme, qui porte une sorte de tatouage 7/11/2017 17h02,  ce qui correspond exactement au moment de la mort du messager, la veille. On remonte la piste des combats de chiens et de leurs spectateurs. L’organisateur de ces combats redirige le commandant Sharko vers le propriétaire du seul chien capable de mutiler ainsi un être humain : le Punisseur.

Par ailleurs, on suit la piste du meurtre du messager, dont le pacemaker fabriqué par Cyberspace a explosé à 17h02 pile, suite à une impulsion électronique. Ce qui nous mène au kidnappeur de Bertrand et de Florence, qui s’appelle lui-même l’Ange. Cyberspace suggère un suspect possible.

La Seine déborde et menace la gare d’Austerlitz; une épidémie de choléra frappe Cuba; des affrontements se produisent au Soudan. Chaque fois que l’équipe de Sharko cerne un suspect, celui-ci se fait tuer. Et les deux enquêteurs principaux, Nicolas Bellanger et Audra Spick, sont eux-mêmes victimes de sérieux traumatismes personnels. Sans parler des humeurs excessives de Sharko, perturbé par la culpabilité, qui le poussent souvent à foncer sans discernement.

Il ne règle pas moins une bonne partie des énigmes mais ne sait toujours pas qui a dessiné ce requin sur la porte de son bureau !

Le roman est réussi : l’anxiété, même l’angoisse, ne nous lâche pas. Et nous tient longtemps parce que ce n’est pas un livre qu’on peut lire rapidement : trop d’informations doivent être assimilées. Et, on le sait, Thilliez aime se documenter et informer son lecteur. Comme d’habitude aussi, les rebondissements ne manquent pas. Au milieu du roman, on peut avoir l’impression que c’est terminé, alors que ça ne fait que commencer. À mon sens, toutefois, la finale manque un peu de punch malgré le petit jeu pour déchiffrer le Manifeste.

J’ai l’impression que l’auteur n’aime pas terminer ses romans.

[1] C’est autorisé au Québec à condition de respecter quelques conditions.

Extrait :
Le niveau de la Seine atteignait cinq mètres quatre-vingts, soit vingt et un centimètres de plus que la veille (…) D’après les informations, Vigicrues prévoyait six mètres vingt, le niveau de 2016, pour le dimanche, avec un risque estimé à plus de 70% que le niveau monte encore jusqu’au milieu de la semaine suivante (…)
En amont comme en aval de Paris régnait le chaos. Certaines villes en bordure des affluents de la Seine et du fleuve lui-même étaient envahies par les eaux. À Villeneuve-Saint-Georges, par exemple, les habitants s’apprêtaient à dormir dans les gymnases, sous des couvertures de survie, chassés de chez eux par la débâcle.
Tout semblait s’accélérer : les dérèglements climatiques, la folie humaine, la violence. L’homme et la nature paraissaient avoir atteint un point de rupture : c’était à présent un combat à l’issue duquel, peut-être, un seul finirait par subsister. Mais si la nature pouvait exister sans l’homme, l’inverse était faux.

Niveau de satisfaction :
4.2 out of 5 stars (4,2 / 5)

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