Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2022 (City On Fire)
Date de publication française : 2022 – HarperCollins
Traduction (anglais États-Unis) : Jean Esch
Genres : Roman noir, mafieux
Personnage principal : Daniel Ryan (Danny), membre du gang des Irlandais à Providence
1986 – Providence en Rhode Island
Tout allait bien entre les gangs des Irlandais et des Italiens à Providence. Les Irlandais tenaient les docks, les Italiens géraient le jeu, et ils se partageaient les syndicats. Ensemble, ils régnaient sur la ville. Ils se répartissaient les bénéfices et faisaient de grandes fêtes ensemble. Et puis la guerre a éclaté à cause d’une femme. Une femme magnifique qui est devenue la petite amie d’un notable du clan des Italiens, mais qu’un Irlandais a osé lui piquer. En réalité cela a servi de prétexte au chef de gang des Italiens qui avait depuis longtemps envie de mettre la main sur les docks contrôlés par les Irlandais. C’est ainsi que Daniel Ryan (Danny) du gang des Irlandais se trouve mêlé à un conflit sans merci alors qu’il vient juste d’avoir un enfant.
Ce tome 1 de la nouvelle trilogie de Don Winslow raconte essentiellement la guerre des gangs entre Irlandais et Italiens. Décidément les Américains semblent fascinés par les mafieux, que ce soit au cinéma ou en littérature. Don Winslow apporte une nouvelle pierre à un édifice déjà bien consistant. On aurait pu attendre d’un grand auteur comme lui qu’il traite ce sujet pas mal rebattu d’une manière différente, plus originale. Et bien non ! Tous les clichés concernant la mafia sont présents : le vieux parrain respecté, l’attachement à la famille, l’honneur, les rackets, la protection des commerçants, la taupe infiltrée, le flic véreux, le drive-by qui consiste à flinguer un adversaire sans descendre de voiture et bien sûr la femme fatale par qui arrive le mal. On imagine les costumes sombres rayés, les cigares et les cheveux gominés pour être tout à fait conforme à l’image des gangsters hollywoodiens.
Les personnages sont essentiellement des mafieux. Ils sont nombreux et on s’y perd un peu pour les situer dans un camp ou l’autre. Et même si l’auteur essaie de leur donner un peu d’humanité, j’ai eu bien du mal à éprouver la moindre sympathie ou la plus petite empathie pour eux. Don Winslow s’attache particulièrement à Danny qui est au début un simple homme de main chargé d’étriller les mauvais payeurs, mais qui, au fur et à mesure que les cadavres s’accumulent dans son camp, monte dans la hiérarchie. Il s’inquiète pour sa femme, son fils et pour lui quand les Italiens commencent à canarder à tout va. Le personnage qui m’a paru le plus attachant est Madeleine, la mère détestée de Danny parce qu’elle l’a abandonné à la naissance. Elle est devenue riche en épousant un type laid, mais plein de fric. Elle, au moins, ne se raconte pas d’histoires sur le soi-disant honneur ou la famille, elle connaît la puissance de l’argent et elle l’utilise avec cynisme et efficacité pour sortir son fils des embarras, même si celui-ci ne veut pas la voir ni l’entendre.
La Cité en flammes est un roman de plus sur la pègre. Ni original ni particulièrement captivant, il laisse une forte impression de déjà vu. Je ferai l’impasse sur les tomes suivants.
Extrait :
Madeleine le suit dans le couloir.
— Monsieur Moretti, vous savez qui je suis ?
Le sourire de Peter prend un petit air suffisant.
— Je l’ai entendu dire.
— Alors, vous avez entendu dire de quoi je suis capable. Si vous faites du mal à mon fils, si vous essayez simplement de vous en prendre à lui, je vous envoie rejoindre votre père.
— Vous avez bien fait de quitter Providence, dit Peter. Vous n’auriez pas dû revenir. Et vous devriez rester en dehors de tout ça.
— Votre père serait peut-être mieux installé à Pelican Bay, dit Madeleine. À l’isolement vingt-trois heures par jour, sans petits maricóns portoricains pour satisfaire ses besoins les plus vils. Il suffit que je passe un coup de téléphone à un juge fédéral…
— Vous savez, rétorque Peter, une pute qui suce un type pour un sachet de came ou pour un million de dollars, ça reste une pute.
— Oui, mais c’est une pute avec un million de dollars, réplique Madeleine. Et il se trouve que je suis beaucoup plus riche que ça. Alors, croyez-moi sur parole, monsieur Moretti, je ferai monter vos couilles en pendentif et je le porterai autour du cou pour me promener en ville.
Niveau de satisfaction :
(3,5 / 5)