Celle qui brûle – Paula Hawkins

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2021
(A Slow Fire Burning)
Date de publication française : 2021 (Sonatine)
Traduction (anglais) :
Corinne Daniellot et Pierre Szczeciner
Genre :
Thriller
Personnage principal :
Laura Kilbride, fille malchanceuse

Daniel Sutherland, un homme séduisant au passé difficile, est sauvagement poignardé sur sa péniche. C’est le fils d’une mère alcoolique, Angela, maintenant décédée, qui se reprochait de s’être mal occupée du fils de sa sœur Carla, dont elle avait la garde et qui est mort d’une vilaine chute. Carla, hautaine et troublée, de même que son mari, l’écrivain Theo Myerson, ne lui ont pas pardonné cette irresponsabilité. Le cadavre de Daniel a été découvert par Miriam, qui occupait la péniche voisine sur le Regent’s Canal; elle tente d’entretenir une relation qu’elle souhaiterait amicale avec Laura, qui a eu aussi un passé difficile, et qui a été vue revenir de la péniche de Daniel, avec qui elle avait passé la nuit, le matin de sa mort. Bien sûr, elle sera interrogée comme suspecte, de même que Carla qui est aussi passée voir Daniel ce matin-là; et Miriam, évidemment, qui a découvert le cadavre. Theo avouera le crime mais personne ne le croira !

Ce roman a eu un certain succès et Lee Child y est allé d’un commentaire flatteur, mais j’avoue avoir eu du mal à embarquer. Parfois les retours en arrière sont utiles; ici, à part les trois qui ont pour fonction de nous présenter des moments importants et traumatisants du passé des trois personnages féminins principaux, les autres sont inutiles et donnent l’impression que l’auteure a voulu rendre complexe une intrigue autrement plutôt simple. J’ai eu la même impression que celle d’Irène quand elle a lu le roman de Theo : « Ce roman qui sautait sans cesse du coq-à-l’âne, où on changeait de point de vue à tout bout de champ pour passer de celui de la victime à celui du criminel, sans aucune attention pour la chronologie… Très déroutant … très agaçant ».

Et puis, personne n’est attachant dans ce roman : Theo est un looser, Carla est hystérique, Myriam complexée et Laura abracadabrante. Seule Irène, veuve bienveillante d’un certain âge, qui prend soin de Laura, est sympathique, ce qui ne l’empêche pas de gaffer à vouloir trop bien faire. L’inspecteur Barker (Crâne d’Oeuf) et l’inspectrice Chalmers (Monosourcil) ont peu d’importance. L’intérêt de l’auteure est plus psychologique que policier. C’est plus facile de faire du psychologique parce que, alors, n’importe quel personnage peut être poussé à faire n’importe quoi. On est loin de la structure rigoureuse d’un véritable roman policier. Mais bien des gens n’en demandent pas plus !

Extrait :
Certaines choses étaient identiques, d’autres étaient différentes. Laura se retrouvait de nouveau assise, la tête enfoncée entre ses bras croisés. La dernière fois c’était tard le soir, cette fois, tôt le matin, mais qui aurait pu faire la différence dans cette pièce sans éclairage naturel ? La pièce d’ailleurs n’était pas la même, bien qu’elle lui ressemblât pratiquement en tout point, des néons aveuglants à l’agencement du mobilier bas de gamme. Unique différence : il régnait dans l’ancienne salle d’interrogatoire une chaleur étouffante alors qu’ici il faisait très froid (…) Comme la dernière fois, Crâne d’Œuf et Monosourcil étaient assis en face d’elle, l’air grave. Plus grave que la fois précédente, songea-t-elle. Un autre détail lui faisait très peur : dès qu’elle croisait le regard de Crâne d’Œuf, celui-ci détournait les yeux.

Regent’s Canal

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

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2 réponses à Celle qui brûle – Paula Hawkins

  1. michel dufour dit :

    Vous avez bien raison: ma formulation est maladroite. « Faire du psychologique », c’est aussi donner de l’épaisseur aux personnages; ce qui est une qualité que je souligne souvent. Ce que je voulais dire, c’est que si la raison d’un crime est la déraison et qu’on ne peut donc pas remonter rationnellement jusqu’au mobile, alors n’importe quoi est possible, et que c’est donc inutile pour le lecteur de compter sur ses petites cellules grises pour trouver l’assassin avant le policier.

  2. Hedwige dit :

    Je ne suis pas d’accord avec la phrase « C’est plus facile de faire du psychologique parce que, alors, n’importe quel personnage peut être poussé à faire n’importe quoi » non, justement l’intérêt du psychologique c’est de donner une cohérence à l’incohérence, autrement on entre dans le loufoque pur.
    Pour le reste je suis entièrement d’accord .

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