La sainte paix – André Marois

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2023 (Héliotrope noir)
Genres :
Noir, thriller
Personnages principaux :
Jacqueline Latourette, assassin – Steve Mazenc, sergent-détective au poste de police de Saint-Gabriel

Vous êtes septuagénaire. Vous vivez tranquille sur le bord de la Mastigouche, dans les bois, en face de votre amie Madeleine depuis 30 ans, veuve elle aussi. Chaque matin, vous nourrissez les bernaches, écoutez les colibris et admirez les oies sauvages. Vous jouissez de la solitude et du silence : la sainte paix ! Jusqu’à ce que Madeleine annonce à Jacqueline qu’elle est malade, devra déménager et vendre sa maison. Catastrophe ! Absolument impensable qu’emménage dans cette maison une famille de citadins avec « parasol, barbecue, haut-parleurs, badminton, spa, motocross, matelas gonflables, beuverie, karaoké, partys de pêche, construction, moteurs »…

Pour Jacqueline, une solution s’impose : assassiner Madeleine qui, de toute façon, souffre du Parkinson irrémédiablement. Et, comme une loi impose désormais au vendeur de mentionner qu’un meurtre ou un suicide s’est produit dans la maison à vendre, ça prendra bien du temps avant qu’une transaction s’effectue.

Jacqueline prépare minutieusement son coup. Elle s’efforcera de pendre sa voisine comme si elle s’était suicidée. Puis, elle se pratique pour répondre aux questions du policier Mazenc. Ce dernier est tenace, mais soupçonne Albin, qui, les fins de semaine, loge dans une cabane que lui prête Madeleine en échange de certaines tâches comme tondre le gazon. Mazenc croit qu’Albin se livre au braconnage. Mais Albin disparaît et la dame qui lui servait d’alibi pour le meurtre de Madeleine est victime d’une opportune crise cardiaque.

Au printemps, on découvre le cadavre d’Albin dans les eaux, pratiquement bouffé par les poissons et autres bêtes. Mazenc les fins de semaine continue de douter. Officiellement, il n’est pas blâmé pour un suicide, un accident et une crise cardiaque.

Quelque temps après, un gros VUS apparaît en face de chez Jacqueline, se gare en écrasant quelques crocus et surgissent de l’auto un couple et un caniche royal, suivis de trois enfants. Jacqueline observe la scène avec calme « et un sourire diabolique se dessine sur ses lèvres ».

Les romans de Marois sont toujours plaisants. C’est mon cinquième (Sang d’Encre Polars : La fonction, 17/5/2013; 10 ans, pas méchant, 6/9/2014; Bienvenue à Meurtreville, 7/5/2016; et Irrécupérables, 30/5/2021). On commence à bien connaître le sergent Mazenc, installé dans la région depuis une dizaine d’années. Marois se contente, une fois de plus, de raconter une histoire sans fioritures, un sourire en coin. Et c’est aussi en souriant qu’on a du plaisir à l’écouter.

Extrait :
De retour chez lui, Steve Mazenc fait les cent pas dans la cuisine. Il aime ce moment où une enquête s’organise. On découvre la victime, on cherche les suspects, on rencontre les témoins. On cogite. Tout est à construire, à imaginer. Le coupable peut être n’importe qui.
Depuis le début, il a un gros doute concernant la pendaison de Madeleine. Et si c’était un coup monté ? Parce que ce pyjama et cette blessure à la tempe ne lui reviennent pas. Il fouille et s’informe. La lecture d’un cas passé lui apprend que la difficulté pour le médecin légiste est de trancher entre pendaison vitale suicidaire ou criminelle, de déterminer s’il y a eu une suspension post-mortem pour maquiller un meurtre en suicide.

La Mastigouche

Niveau de satisfaction :
4.1 out of 5 stars (4,1 / 5)

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