Le Journal de ma disparition – Camilla Grebe

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2017 (Husdjuret)
Date de publication française :
2018 (Calmann-Lévy), 2022 (Livre de poche)
Traduction (suédois) :
Anna Postel
Genres : Enquête, sociologique
Personnages principaux :
Malin, policière – Manfred, son collègue

L’action se passe dans la ville d’Ormberg, à vingt minutes de Stockholm, désertée depuis que les principales industries ont été vendues et relocalisées. Restent quelques vieilles familles et des immigrés qui ont été logés dans des centres d’accueil. Malin et ses amis, il y a huit ans, ont découvert dans la forêt qui entoure la ville, le cadavre d’une jeune fille en grande partie enterrée. À l’époque, l’enquête n’avait pas donné grand-chose.

Aujourd’hui, on reprend l’enquête. Se joint à Manfred, Peter et Hanne (qui apparaissent dans les œuvres antérieures), la jeune Malin, devenue policière, parce qu’Ormberg est la ville où elle a vécu depuis toujours. Une nouvelle victime est retrouvée là où la première avait été enterrée. Puis, Peter disparaît et Hanne est découverte hagarde et amnésique. Un seul témoin, le jeune Jake, met la main sur le journal que tenait Hanne pour conserver des brins de son passé, et entreprend de le lire. Il comprend à peu près ce qui s’est passé mais hésite à se confier à la police parce que, lorsque Hanne et lui se sont entrevus, il était habillé et maquillé en femme, comportement qui lui fait honte. Tout le monde est interrogé. Le seul qui se doute de la réalité véritable et qui comprend qu’on cherche maintenant à se débarrasser de Hanne est Jake, qui n’est pas personnellement équipé pour intervenir avec succès.

Selon son habitude, Grebe confie à certains de ses personnages le soin de raconter l’histoire : Jake, Malin et Hanne. Les suspects se multiplient, plusieurs histoires se recoupent et un bon nombre de petits mystères entretiennent notre attention. Par ailleurs, c’est un polar, aucun doute, mais la portée éthico-politique est importante. Parlant des immigrés de Bosnie qui habitent le refuge, Andreas dit à Malin : « Tu aurais pu être celle qui fuit la guerre et la famine ». Et Grebe commente : « C’est ce message simple, mais essentiel, que je veux transmettre à travers mon roman ». Le roman est long mais il vaut mieux le lire assez rapidement pour être capable de retenir tous les fils. Et, en fin de compte, notre patience est récompensée.

Extrait :
À qui dois-je me fier ? La situation est bien trop absurde : je me trouve au sommet d’un mont, au milieu des bois, avec de la neige jusqu’aux genoux, flanquée de deux personnes que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam.

L’histoire du garçon est invraisemblable, et j’ignore tout ce qui est arrivé à Peter. Il a pu être victime d’un crime. Mais qu’il ait été assassiné ? (…)
Tournant le visage vers la femme, je croise ses petits yeux ronds.
Pourquoi m’a-t-elle traîné au bord de cet abysse ? Peut-il y avoir une once de vérité dans les allégations de cet adolescent ?
La femme s’adresse à moi d’une voix douce, comme si elle parlait à un enfant :
─ Hanne. Vous l’entendez vous-même, ce qu’il raconte est aberrant.
Le garçon me tire par un bras, la femme par l’autre. Je dérape dans la neige.
Lentement, nous approchons du bord de la corniche.

Corniche de neige

Niveau de satisfaction :
4.5 out of 5 stars (4,5 / 5)

Ce contenu a été publié dans Enquête, Remarquable, Sociologique, Suédois. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.