Les eaux assassines – Dominique Van Cotthem

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2024 – Genèse Édition
Genres : Psychologique, roman catastrophe, suspense
Personnages principaux :
Leïla, Paloma, Réjane, prisonnières des eaux lors d’une inondation exceptionnelle

Il pleut et il va continuer à pleuvoir. Certaines régions sont déjà en alerte, il est tombé en un jour l’équivalent d’un mois de pluie. Leïla, Paloma et Réjane, chacune de leur côté ne s’inquiètent pas outre mesure des alertes émises par les autorités. Elles se sentent à l’abri dans leur maison, elles ont d’autres problèmes. Puis la rivière sort de son lit, l’eau envahit les rues, rentre dans les maisons, continue de monter. Il faut alors se réfugier aux étages, au grenier et même sur le toit. Maintenant c’est leurs vies qui sont menacées. L’isolation forcée et la mort envisageable sont l’occasion pour elles de revenir sur leur destin, leurs bonheurs, leurs échecs. En espérant que l’eau s’arrête de monter.

L’intrigue se déroule sur deux jours, du mercredi matin au jeudi après-midi. Trois femmes sont maintenant dans la même situation : réfugiées dans leur maison avec l’eau qui monte inexorablement, mais auparavant elles avaient des vies bien différentes.

Leïla est une jeune maman, elle a un bébé de cinq mois. Son mari a sombré dans l’alcoolisme et il la maltraite. Sa propre famille, très attachée aux traditions, considérerait un divorce comme un déshonneur. Leïla se sent prisonnière. Heureusement qu’elle a son bébé, c’est sa bénédiction. Paloma est enseignante et mère d’une adolescente à haut potentiel. Son mari est un homme riche qui a bénéficié d’un gros héritage à la mort de ses parents dont il a été soupçonné d’être à l’origine. Paloma ne veut pas se poser de question, elle aime son mari, coupable ou innocent. Réjane est veuve et elle a perdu un fils victime d’une maladie incurable. Elle s’occupe dorénavant de sa mère atteinte d’Alzheimer. Réjane fait preuve d’un dévouement et abnégation admirables. Toutes les trois doivent non seulement sauver leur vie, mais aussi protéger des êtres chers restés bloqués avec elles, lors de l’inondation : Leïla son bébé, Paloma sa fille et Réjane sa mère.

La montée des eaux, lente mais implacable et l’angoisse que cela génère constitue un suspense intense. Le dénouement n’est pas celui attendu. L’épilogue est improbable et quelque peu alambiqué.

Ce roman conjugue un fort suspense et une fine analyse psychologique des personnages. C’est un hommage au courage et à la résilience des femmes.

Extrait :
Au rez-de-chaussée, la rivière s’applique à tout engloutir. À l’avant de la maison, les vieux châssis en bois ont succombé à la pression de l’eau. La crue traverse le salon et la cuisine, des vagues percutent les murs, elles lèchent la rosace du plafond. Le lustre balance ses pampilles de cristal de gauche à droite. Des paquets de pâtes flottent sur la houle. Il n’y a plus un seul meuble debout. 
En fin d’après-midi, Réjane a vu passer une vache au milieu du courant. Tête blanche, l’œil hagard, elle étirait son cou en essayant de tenir l’équilibre, de respirer, de ne pas couler. Réjane aurait voulu que la bête entre chez elle. Elle l’aurait secourue et accueillie à l’étage, le temps nécessaire. Elle aurait voulu sauver tous les animaux piégés par la rivière. Des chiens, des chats, des moutons et même un cygne avec une aile brisée. Impuissante, elle les a regardés courir à la mort, avec ce sentiment affreux d’être complice de cette déportation.

Niveau de satisfaction :
4.3 out of 5 stars (4,3 / 5)

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