Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2024 (Éditions du Masque)
Genre : Enquête, humour
Personnage principal : Arsène Lupin
Les romans de Lenormand sont d’agréables compagnons de vacances. Les pastiches d’Arsène Lupin, comme ceux du Juge Ti ou de Voltaire, se parcourent avec le sourire.
Lupin « se confesse » au sens où il met le grappin sur son psychologue pour lui raconter une histoire troublante dans laquelle il est impliqué; officiellement, c’est pour que le Dr Kloucke complète l’idée qu’il se fait de lui; officieusement, c’est pour le plaisir de se raconter.
Dans ce cas-ci, l’intérêt de Lupin est suscité par un article de journal traitant d’un meurtre survenu à l’hôtel Drouot lors d’une vente aux enchères : un amateur d’art, un certain Cherpoulet, s’était arrêté devant une vitrine et, pointant du doigt un objet, s’était écrié :
« C’est ça que je veux ! » Après quoi il s’était écroulé, poignardé.
Lupin rend visite à la veuve de Cherpoulet qui lui dit devant quelle vitrine son mari s’est arrêté mais qui est incapable de désigner l’objet convoité parce que, pour elle, il ne s’agissait que d’un tas de vieilleries sans intérêt. Le lendemain, Lupin se rend à l’hôtel Drouot : les objets exposés ne l’inspirent vraiment pas, mais il désire surtout observer les enchérisseurs. Tout est calme jusqu’au moment où l’encanteur présente le contenu de la fameuse vitrine : les enchères s’envolent alors avec fracas jusqu’à ce qu’une jeune femme (Eulalie) a l’audace de proposer une somme inégalable. L’inspecteur principal Ganimard confisque momentanément le lot tant convoité et le commissaire-priseur confirme qu’il n’y a là que matériaux vulgaires et artéfacts de bas de gamme.
Déguisé en Hippolyte Roubagnol-Durand, expert en inutilitémologie, Lupin rend visite aux dames qui ont acheté le lot de « vieilleries ». Or, au cours de la nuit, leur manoir a été victime d’un intrus mais rien n’a apparemment été volé. Les dames ne sont pas vraiment riches, mais Eulalie aura bientôt accès à son héritage.
C’est alors que les événements se précipitent : le serviteur disparaît. La plus âgée des dames semble avoir succombé à l’amour et suivi son amant éventuel à Istanbul, bien qu’il soit supposément mort. Puis, une jeune femme, Charlotte, se présente comme étant la fille légitime des propriétaires du manoir, donc l’héritière du manoir et de l’argent qui lui est lié. Quelle est donc la fille véritable qui a survécu à l’incendie qui fut fatal à la famille ? Des témoins susceptibles d’identifier la jeune femme en question sont éliminés. Lupin lui-même, longtemps abusé, vient près d’y laisser la peau.
Malgré le grand nombre de morts, le roman reste léger et amusant. On retrouve le Lupin spécialiste en déguisements et en évasions. Et on comprend pourquoi son psychologue le considère comme « un hypermimique cyclothymique maniaco-compulsif à tendances paraphréniques ».
Extrait :
Arsène Lupin estima qu’il importait de procurer à Eulalie un refuge où elle serait en sécurité, catégorie dans laquelle son manoir n’entrait pas. Quelqu’un avait tenté de la tuer, et les manigances de Mlle Maloches avec son détective n’avaient rien de rassurant.
Il lui avait donné rendez-vous pour déjeuner dans un restaurant italien, De Lupo. C’était un endroit sûr. De là, ils fileraient dans un endroit où nul ne pourrait l’atteindre (…)
− Depuis que vous êtes entré dans ma vie, je n’ai plus que cela, des soucis. On m’espionne, ma gouvernante s’enfuit, on cherche à me ruiner, et maintenant on me tire dessus.
Il resta silencieux quelques minutes pour la laisser refroidir.
− Pardonnez-moi, reprit-elle. Tout dans cette affaire est agaçant. Mon avocat a une audience au Palais tout à l’heure, le juge d’instruction l’a convoqué pour une confrontation avec la traînée qui voudrait se faire passer pour ma pauvre sœur. Il m’a déconseillé de m’y montrer. Du coup, je reste assise entre deux chaises.
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)