Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2018
(Det Innerste Rommet)
Date de publication française : 2022 (Gallimard)
Traduction (norvégien) : Aude Pasquier
Genre : Enquête
Personnage principal : Inspecteur William Wisting
L’inspecteur William Wisting est le personnage fétiche de J. L. Horst. C’est mon troisième roman de la série et j’avais bien aimé les deux autres, complexes et bien faits. Horst est un ancien policier et il n’hésite pas à s’attarder sur le travail minutieux de l’enquêteur et sur la collaboration entre les divers paliers de la hiérarchie, du simple flic au procureur.
C’est justement le procureur général de Norvège qui confie à Wisting une mission confidentielle, parce qu’elle touche un ancien ministre important du gouvernement travailliste, Bernhard Clausen, qui vient de mourir d’une crise cardiaque. Or, on a découvert dans une chambre de son chalet plusieurs dizaines de millions de couronnes norvégiennes en euros, livres sterling et dollars. Qu’est-ce que ça fait là ? Wisting et Mortensen réussissent à sortir l’argent de là avant que, le lendemain, le chalet passe au feu en totalité.
Ces billets datent du début des années 2000, et on finit par établir un lien entre cet argent et un braquage qui a eu lieu en 2003 à l’aéroport de Gardenmoen lors d’un transport de fonds destinés aux coffres-forts de la banque de DNB et de la Poste à Oslo.
Cet événement s’est produit en même temps que la disparition du jeune Simon Meier qui était allé pêcher près du lac Gjersjoen. L’hypothèse retenue par la police est qu’il se serait noyé mais on n’a jamais retrouvé le corps. Par ailleurs, il semble qu’il ait été témoin de quelque chose de compromettant. Et un message anonyme parvient au procureur, selon lequel Bernhard Clausen aurait été vu sur les lieux. On apprend, enfin, que c’est dans une station de pompage près du lac que l’argent volé aurait été entreposé.
Wisting travaille en équipe avec Mortensen, sa fille Line qui est journaliste, Audun Thule qui a mené l’enquête sur le braquage et Adrian Stiller, responsable des affaires classées. L’inspecteur coordonne l’ensemble comme un chef d’orchestre. Chaque personnage est décrit avec minutie; ça serait facile de déterminer les comédiens et comédiennes qui les incarneraient dans une série. L’action est complexe et les rebondissements ne manquent pas, mais la trame est habilement structurée de sorte que l’intérêt est maintenu tout du long.
Bref, un roman policier très classique et de grande classe.
Extrait :
− Ton double jeu a rendu toute cette histoire personnelle, poursuivit l’homme cagoulé. J’ai un message à faire passer à ton père.
Il poussa Line vers la chaise de bureau.
− Et c’est toi qui vas lui écrire, dit-il en relâchant la prise sur son cou.
Il posa une feuille devant elle et lui fit signe de prendre un stylo. Elle obéit.
− Laisse tomber, dit-il.
− Comment ça ? bégaya Line.
− C’est le message pour ton père : « Laisse tomber. » C’est assez clair pour qu’il comprenne ? Il doit laisser tomber cette affaire. Ça va très mal finir s’il s’obstine (…) Tiens, et puis tu peux dessiner un chat, toi qui es tellement douée pour ça, ajouta-t-il. Ton père sait comment il a fini ton chat, j’imagine.
La main de Line se mit à trembler de manière incontrôlable et à raturer le dessin qu’elle venait d’entamer.
Elle fit tout de même au chat des oreilles, puis une queue, et s’immobilisa soudain, pointe du stylo contre la feuille, ne sachant pas si l’homme cagoulé avait entendu la même chose qu’elle.
− Maman ! s’écria une nouvelle fois Amalie depuis sa chambre.
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)