Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2023 (Those We Thought We Knew)
Date de publication française : 2024 – Sonatine
Traduction (américain) : Jean-Yves Cotté
Genre : roman noir
Personnages principaux : John Coggins, shérif du comté de Jackson en Caroline du nord – Leah Green, inspectrice au bureau du shérif
Toya Gardner est une jeune artiste afro-américaine. Elle revient dans sa petite ville d’origine après quelques années passées à Atlanta. Toya ne supporte pas les signes de l’esclavagisme qui persistent dans la ville. Elle se livre à des actions d’éclat pour les dénoncer, ce qui fait réagir la population blanche. Le shérif John Coggins est furieux contre cette atteinte à l’ordre public qui ravive des tensions communautaires, mais comme c’est un ami d’enfance de la grand-mère de Toya, il préfère demander des explications à l’intéressée. La confrontation entre le shérif et la jeune femme ne se passe pas bien, chacun restant sur ses positions. Autre souci pour le shérif : un de ses adjoints a été tabassé et laissé pour mort par un groupe habillé de longues tuniques blanches et de capuches pointues masquant leurs visages. Quand, plus tard, un assassinat est commis, ça fait beaucoup de soucis et de travail pour le shérif et sa jeune adjointe, l’inspectrice Teah Green, qui est chargée de l’enquête sur l’homicide qui vient de se produire.
L’intrigue est bâtie sur deux axes : la résurgence du Ku Klux Klan et l’assassinat d’une jeune femme. Ce qui donne lieu à deux enquêtes séparées, l’une menée par le shérif, l’autre par la jeune adjointe.
Ces enquêtes sont aussi l’occasion pour l’auteur de décrire la Caroline du Nord à laquelle il est attaché. Il y a de nombreux tableaux sur la montagne, la végétation, le climat et les gens. Des gens qui ont leur secret, que l’on croirait connaître parce qu’on les a fréquentés longtemps, mais qui se révèlent finalement être des inconnus. Il y a aussi de beaux portraits pleins d’humanité, notamment ceux de femmes, comme la volcanique et lumineuse Tota, sa mère Dayna, sa grand-mère Vess et la tenace inspectrice Leah Green.
Ce livre n’est pourtant pas exempt de défauts. Beaucoup de longueurs, surtout dans une première partie qui tarde à décoller. La dénonciation du racisme et du suprémacisme c’est bien, mais souvent les explications prennent le pas sur l’action et un petit air bavard et pédagogique plombe le rythme. Les états d’âme, les sentiments, prennent souvent le pas sur les comportements et les actes, c’est bien dommage.
Ce nouveau roman de David Joy décrit une Amérique fracturée en proie à ses vieux démons. Il y a beaucoup de noirceur, mais aussi de la tendresse, de la nostalgie et de la poésie. Cependant le livre y gagnerait en réduisant son côté démonstratif.
Extrait :
Leah fut moins surprise par les notables impliqués que par tous les autres. Ashe et Pressley étaient tous deux corrompus jusqu’à la moelle et ce n’était pas vraiment un secret. Elle ne fut guère plus étonnée de découvrir que Nick Lovedahl était du nombre. Mais les autres étaient des hommes qu’elle connaissait depuis toujours, avec lesquels elle avait grandi et était allée à l’école, des types qu’elle n’aurait jamais soupçonnés.
Niveau de satisfaction :
(4,1 / 5)