Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2022 (Everyone in My Family Has Killed Someone)
Date de publication française : 2023 (Sonatine, 10/18)
Traduction (anglais Australie) : Cindy Colin-Kapen
Genres : Enquête, thriller
Personnage principal : Ernest Cunningham, narrateur
Le titre avait attiré mon attention : ça me semblait une famille originale. Et c’était d’autant plus intéressant que Stevenson se réclamait des commandements de Ronald Knox, règles que nous attribuons plutôt à Van Dine, et qui permettent de jouer fair-play avec le lecteur.
La famille comprend Audrey, la mère; Marcello, son second mari; Ernest et Michael, les fils d’Audrey et de Marcello; Sofia, leur demi-sœur; Erin, la femme d’Ernest; Katherine, la sœur de Marcello; son mari Andy; et Lucy, l’épouse de Michael. Katherine les a tous réunis au Sky Lodge Mountain Retreat au sommet d’une montagne (la plus haute d’Australie) où la tempête fait rage. Beaucoup de tension dans l’air parce que ces gens ne s’entendent pas très bien entre eux. Il faut fêter, toutefois, en tout cas selon Katherine, le retour de prison de Michael (trois ans), pour avoir tué un homme probablement en légitime défense, mais les circonstances ne sont pas claires. Ernest (Ernie pour les intimes, ou Ern pour les très intimes), qui est le narrateur de cette histoire dans laquelle il intervient continuellement pour commenter tel ou tel événement, se sent particulièrement stressé parce que c’est surtout lui, en tant que seul témoin, qui a témoigné contre son frère, défendu habilement en cour par Marcello.
Un peu avant l’arrivée de Michael, on découvre un cadavre dans la neige. Le policier Crawford tente de gérer la circulation. Les pistes sont déjà brouillées par la neige et les curieux. On passera une partie de l’histoire à se demander qui est cette victime et pourquoi on l’a tué. Le comment sera plus ou moins expliqué sans être très convaincant.
Michael arrive dans un gros camion avec Erin, l’ex d’Ernest qui réfléchit alors à deux problèmes : pourquoi avoir eu besoin d’un si gros camion ? Et Erin est-elle la maîtresse de Michael ? Pendant ce temps Crawford arrête Michael. Qui finira par disparaître. Et il semble qu’on tente de tuer Ernest. Puis, Lucy manque à l’appel.
Comme dans les grands classiques, Ernest réunira tout le monde pour déterminer l’identité du coupable et tenter d’expliquer le sens de cet embrouillamini.
Ça parle beaucoup dans ce roman et pourtant rien n’est moins clair. Les personnages ne sont pas si nombreux, mais pas très bien définis de sorte qu’on a du mal à les suivre. Les commentaires du narrateur ont peut-être pour but d’éclairer les choses, mais provoquent l’effet contraire en nous faisant perdre le fil. Et l’histoire, particulièrement les motifs et les moyens des meurtres, sont tellement invraisemblables !
Il me semble que l’auteur a voulu trop en faire.
Extrait :
Aucun auteur ne tirait les ficelles de ma marionnette, aucun don ne m’avait été accordé. Je n’aurais pas pu faire partie du Detection Club. Je me souviens avoir pensé que tout ce dont j’étais sûr, c’est que je passais à côté de quelque chose. Un détail minuscule. Car dans ces livres, il y a toujours un élément qui éclaire tout le reste, et il s’agit souvent d’un détail, d’un objet en apparence anodin. Il y avait quelque chose que je ne pouvais pas voir. Pas sans une bonne vieille loupe holmésienne, en tout cas. Ou une loupe de bijoutier.
Et, enfin, j’ai compris.
Dans ce genre de livres, le moment de la déduction est souvent illustré par une métaphore plus ou moins sophistiquée. Le détective est assis, plongé dans ses réflexions, et peut-être que le puzzle dans sa tête se met lentement en place, à moins que ce soit un feu d’artifice qui explose soudain, ou des dominos qui tombent l’un après l’autre : peut-être qu’il avance en trébuchant dans un couloir sombre et trouve enfin l’interrupteur.
Niveau de satisfaction :
(3 / 5)