Le Meurtre de la rue Blanche – Paul Colize

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2024 – Éditions Hervé Chopin
Genre : Enquête
Personnages principaux :
Emma Toussaint, juge d’instruction à Bruxelles – Fabrice Colet, Greffier

Emma Toussaint, juge d’instruction à Bruxelles, se voit confier par son supérieur une affaire délicate. Elle a l’habitude que son chef s’en remette à elle pour résoudre ce genre de problème, elle a la réputation d’être d’une grande efficacité et on la considère comme la meilleure juge d’instruction de Bruxelles. Cette fois il s’agit du meurtre d’un avocat médiatique, spécialisé dans le droit des affaires. Comme si cela ne suffisait pas, un vieux dossier resurgit au même moment : on l’informe par appel anonyme que le coupable de la rue Blanche, n’est pas le bon, la justice s’est trompée, Emma Toussaint s’est trompée. Avec l’aide de son greffier, Fabrice Colet, la juge d’instruction va s’attaquer résolument à ces deux affaires.

L’auteur nous a concocté une intrigue basée sur deux affaires criminelles indépendantes l’une de l’autre et qui le restent jusqu’à la fin. C’est un peu comme s’il considérait que d’en traiter une seule ne fournissait pas assez de matière, qu’il en fallait une deuxième pour pour rendre le livre plus consistant. Il s’en dégage une petite impression de remplissage. Deux enquêtes, avec les personnages qui vont avec, nécessitent une attention soutenue pour s’y retrouver.

Concernant les personnages, la super juge d’instruction Emma Toussaint est d’une efficacité redoutable. Son opiniâtreté et son style direct font merveille. Elle ne se laisse jamais impressionner, ni par son chef ni par les criminels. Son look est atypique pour sa fonction : jeans élimés, boots, maquillage superficiel et coupe de cheveux à la sauvage. Sa seule faiblesse est son fils d’une vingtaine d’années, actuellement en Australie, il lui donne peu de nouvelles. Elle fait souvent preuve d’un humour caustique et de traits d’esprit qui ne sont pas toujours compris. Certaines mauvaises langues l’ont surnommée E.T. à cause de ses initiales. Son greffier, Fabrice Colet, lui voue un grand respect et une admiration sans bornes. Lui-même est un garçon cultivé, délicat, sensible et bien habillé. Homosexuel, il vit avec son compagnon Filip, gérant d’une boutique de mode masculine, et son chat obèse Bazouf. La juge et le greffier forment un duo de choc qui obtient des résultats remarquables.

Le livre se lit facilement, l’écriture est fluide et limpide. Le ton est léger et l’humour souvent sarcastique. D’entrée, l’épigraphe peut surprendre : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point – Alphonse de Lamartine ». Est-ce une grossière erreur de l’auteur ? De l’éditeur ? Pas du tout, c’est de l’humour belge, celui d’Emma Toussaint.

Le Meurtre de la rue Blanche est un roman agréable à lire, sans prétention et plein d’humour, avec un duo juge d’instruction-greffier aussi efficace qu’irrésistible. Toutefois, ce n’est probablement pas le meilleur roman de Paul Colize.

Extrait :
Jamais, il ne l’avait vue perdre son sang-froid, même lorsqu’elle faisait face à des tueurs sanguinaires ou de dangereux criminels. Chefs de gang, féminicides, mafieux notoires, violeurs en série, caïds de banlieue, braqueurs récidivistes, aucun ne parvenait à troubler sa détermination. Elle les interrogeait avec méthode en les fixant dans les yeux sans ciller.

En règle générale, elle commençait par leur servir un discours moraliste, à la manière d’une maîtresse d’école houspillant un gamin turbulent. Elle revenait sur les faits qui leur étaient reprochés et leur expliquait que ce qu’ils avaient fait n’était pas bien. À sa surprise, il en avait vu plus d’un baisser les yeux ou fondre en larmes et lui promettre que cela n’arriverait plus.

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

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