Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2016
(Mies joka kuoli)
Date de publication française : 2019 – Fleuve Éditions
Traduction : Alexandre André
Genre : humour noir
Personnage principal : Jaakko Kaunismaa patron d’une petite entreprise
Jaakko Kaunismaa est patron d’une petite entreprise de commerce de champignon à Hanima en Finlande. Les affaires marchent bien : le matsutake ou champignon des pins est très recherché par les japonais avec qui il a un bon contrat. Mais il y a des jours où tout va mal : son médecin lui apprend qu’il est empoisonné, ses organes vitaux sont gravement détériorés, il lui reste quelques jours à vivre, tout au plus quelques semaines. Quant il veut annoncer la triste nouvelle à son épouse, il trouve celle-ci en plein ébats sexuels avec le jeune et vigoureux chauffeur de l’entreprise. Et comme si tout ça ne suffisait pas, des concurrents s’installent dans le village avec la ferme intention de lui piquer les clients. On pourrait être accablé pour moins que ça, ce n’est pas le cas de Jaakko. Il décide d’utiliser ses derniers jours de vie pour mener sa propre enquête sur son empoisonnement. Et finalement sa mort prochaine lui donne un regain d’énergie. Il va se produire de grands changements dans le reste de sa vie.
L’histoire commence par la mort annoncée d’un homme, ça pourrait être tragique mais ça ne l’est pas. Le ton, celui de l’humour pince-sans-rire, fait que jamais on ne tombe dans la déprime et le lugubre. C’est avec le sourire que l’on suit les aventures de l’empoisonné qui finalement ne se porte pas si mal. Ce n’est pas non plus la farce complètement déjantée, c’est un humour discret, caustique qui amène le sourire, pas la grosse rigolade. Le décès prévu ne vient pas, par contre d’autres morts non programmées se produisent. Des morts violentes. On pardonnera à l’auteur les largesses qu’il prend vis à vis de la vraisemblance.
Notre homme apprenant sa mort prochaine ne se laisse pas aller à la dépression. Au contraire il prend le recul qui lui permet de voir les événements sous un autre angle. Il acquiert un certain détachement, de la sérénité même. Et il devient capable de réaliser ce qu’il ne faisait pas en bonne santé. Au seuil de la mort il prépare l’avenir mieux qu’il ne l’a jamais fait. En somme son prochain décès lui donne le goût de la vie et lui offre un avenir plus audacieux, plus ardent que le précédent.
Ce roman offre un bon divertissement teinté d’un brin d’exotisme. Un bon moment sans autre prétention. Parfois on n’en demande pas plus.
Extrait :
Je ne jette pas de coup d’œil dans mon rétroviseur, j’agite ma main gauche par ma vitre ouverte – je l’ai fait pour la dernière fois quand j’étais petit. Le matin est chaud, ma main est comme une aile cherchant le vent pour décoller. Je conduis de manière détendue avec la droite, j’adoucis les virages, j’appuie doucement, mais sûrement sur l’accélérateur.
Je vis.
Il vaut la peine de mourir au moins une fois pour voir la beauté d’un matin.
Tout scintille, rayonne. La grande étendue bleue de la mer est émaillée de petites barques blanches. Sous le ciel, le sol est une couverture verte et moelleuse.
Agiter ma main gauche produit un autre effet : les gens croient que je les salue et me répondent, la plupart du temps réjouis. Je leur souris, un bonjour se lit sur mes lèvres. Nous sommes tous ce matin d’été.
J’envoie un baiser à une dame qui tressaillit et manque percuter la clôture d’un lotissement sur Mannerheimintie.
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)