La nuit des fous – Anouk Shutterberg

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2023 – Éditions Récamier
Genres : Enquête, Thriller
Personnages principaux :
Élise, jeune femme atteinte d’une grave maladie – le commandant de police Stéphane Jourdain

Mai 2022, ville de Dole, dans le Jura.
Sur un chantier d’un promoteur immobilier, une pelleteuse déterre cinq caisses de bois. À l’intérieur de chaque caisse se trouve un cadavre dont le corps a été façonné dans une pause particulière à l’aide d’un gros fil de fer, les têtes sont orientées dans un même sens. Il semble que le tueur ait voulu délivrer un message. L’autopsie révèle que la mort remonte entre 1973 et 1975. Le commandant Stéphane Jourdain est chargé de cette enquête particulièrement difficile à cause de l’ancienneté des faits.
Pendant ce temps, Élise, jeune femme atteinte d’une grave maladie ankylosante, se rend à l’hôpital pour assister à la mort de son père, qui, avant de mourir, lui demande de prendre contact avec sa sœur, la tante d’Élise, dont celle-ci ignorait l’existence. Élise fait connaissance de sa tante Jeanne qui est ravie de retrouver une nièce perdue de vue. Le courant passe bien entre les deux femmes, les contacts se multiplient, puis petit à petit, s’installent le doute et la méfiance.

L’intrigue reprend la recette éprouvée du thriller du tueur en série : on découvre par hasard une ou plusieurs victimes avant de s’apercevoir que d’autres ont subi le même sort et que bien sûr, comme dans tout roman de ce genre, le tueur a laissé un message. Vieille recette donc, mais traitée d’une façon personnelle : – il y a une sorte d’escalade dans l’horreur, une scène en particulier, vraiment horrible, n’a été ajoutée que pour impressionner le lecteur, elle n’est pas du tout indispensable – les protagonistes, quand ils ne sont pas complètement cinglés, sont fragiles et vulnérables – le message du meurtrier est assez hermétique et totalement invraisemblable.

Les personnages principaux sont la jeune Élise et le commandant de police Jourdain. Tous les deux sont en position de faiblesse : Élise est handicapée par sa maladie, elle a mal partout, se déplace difficilement. Il n’y a qu’une chose qu’Élise fait sans douleur et même avec plaisir, c’est baiser. C’est comme ça qu’elle se retrouve enceinte alors que les médecins lui avaient affirmé qu’avec sa maladie c’était impossible. Être enceinte avec son handicap va lui compliquer encore plus la vie. Le commandant Jourdain, lui, est dépressif et il culpabilise, il se sent responsable de la mort de sa fille. Il est souvent perdu dans des pensées noires et absent. Heureusement qu’il a une équipe efficace qui fait le boulot pour lui et le ramène à la réalité. Côté « méchants », ce sont des malades mentaux qui ont été détruits par les épreuves subies dans leur jeunesse. On apprend aussi qu’il faut se méfier des mauvais joueurs (dans tous les sens du terme) de scrabble. Ce jeu tient une place importante dans cette histoire.

Malgré une intrigue conventionnelle, l’autrice a réussi à donner à ce roman une patte personnelle qui va dans le sens du toujours plus : plus de violence, d’horreur, de folie. Mais la recherche du spectaculaire et du sensationnel se fait au détriment de la rigueur. Le titre du livre reflète parfaitement son contenu.

Roman rythmé, plein d’action et de suspense, La nuit des fous ravira surtout les amateurs de thrillers haletants prêts à accepter toutes sortes d’invraisemblances pourvu qu’ils aient leur dose de frissons.

Extrait :
Une scène morbide et malsaine.

Devant eux, un tronc puissant, accidenté de multiples excroissances. Autant d’anciennes vierges avalées par l’arbre au fil des ans. Mais ce ne sont pas ces détails qui les glacent.
Non.
Comme fondues, prêtes à être digérées, des chairs flasques font désormais partie du végétal. L’arbre semble avoir déjà commencé à aspirer la putréfaction.
Le corps est dénudé, la poitrine et le ventre devenus informes par la vieillesse sont à l’image du végétal. Flétri, le cadavre se tient pourtant parfaitement droit, enlacé par une corde épaisse qui remonte des chevilles aux épaules.
Comme si le meurtrier avait voulu figer sa victime pour l’éternité.
Qu’elle reste debout face à la sentence du Créateur.
Dernier détail morbide : la tête manque.

Autant d’anciennes vierges avalées par l’arbre au fil des ans (Photo incluse dans le livre).

Niveau de satisfaction :
3.9 out of 5 stars (3,9 / 5)

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