Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2020 (Gdziekolwiek Spojrzysz)
Date de publication française : 2024 – Métailié
Traduction (polonais) : Kamil Barbarski
Genres : Thriller, technopolar
Personnages principaux : Julita, journaliste d’investigation – Jan, expert en cybersécurité
En Pologne, les remblais d’un immense réservoir à ciel ouvert rempli d’eaux usées issues d’une mine d’extraction du cuivre cèdent en inondant la région de fluides toxiques. Peu de temps après, une étrange société américaine se propose de dépolluer le site à un prix défiant toute concurrence. Helena Niemczyk, directrice de la société d’exploitation de la mine de cuivre, flairant l’entourloupe, s’y oppose, mais le PDG lui demande d’approuver le projet. En Russie Pyotr Semenov crée le ZNATOK, la première intelligence artificielle au monde. Dans un premier temps, son travail n’est pas reconnu, mais quelques années plus tard ses recherches intéressent beaucoup une société américaine. À Berlin, Florian Schulte, analyste de programmes malveillants, isole un virus inconnu qui aurait agi sur les infrastructures de la mine de cuivre polonaise entre autres. À sa grande stupéfaction, son signalement au PDG de la mine lui vaut les menaces de procès. Ces évènements disparates en apparence sont pourtant reliés par les récentes avancées de la technologie du numérique, de l’intelligence artificielle en particulier.
Ce roman est le dernier volet de la Trilogie de dark net. Le premier volume Tu sais qui, est consacré au dark net, le réseau souterrain et à la cybercriminalité. Le deuxième Datas sanglantes, concerne l’usage pernicieux des technologies, notamment le détournement du vote électronique. Enfin ce troisième volet est consacré essentiellement à l’intelligence artificielle utilisée à des fins néfastes. La plus précieuse des matières premières du XXIe siècle : les données. C’est le carburant nécessaire à l’intelligence artificielle.
On retrouve dans les trois tomes la journaliste d’investigation Julita Wójcicka et Jan l’expert en cybersécurité. Ils forment un duo étonnant. Ils s’entendent bien pour investiguer, mais ont du mal à se supporter en dehors de leurs enquêtes. Cependant, dans ce dernier livre, leur relation évolue puisqu’ils finissent par coucher ensemble. Ils peuvent alors baiser comme des bêtes, mais se sentir mal à l’aise tout de suite après, étant alors incapables de se serrer dans les bras. Le sexe marche bien, mais pour le grand amour il faudra attendre.
L’intrigue est assez touffue et demande une bonne attention pour ne pas perdre le fil. De nouveaux personnages interviennent, les lieux sont différents et on a longtemps du mal à faire la liaison entre les différentes pièces du récit.
Cette dernière partie de la trilogie est, comme les précédentes, édifiante sur le nouveau monde qui se dessine avec l’usage des nouvelles technologies du numérique. On ressort pas vraiment rassuré de cette lecture, mais au moins on est mieux informé.
Extrait :
Florian vit l’avenir, et ce n’était pas un avenir qui rendait optimiste. Bientôt, le monde serait divisé entre ceux qui savent tout et ceux qui ne savent rien, pas même qu’un tel fossé existe. Il y aura ceux qui ne pourront garder aucun secret et ceux devant lesquels rien ne restera secret. Il y aura ceux dont le libre arbitre sera remis en cause et ceux dont la volonté se fera chair. La machine était déjà en branle, les engrenages grinçaient, les 0 et les 1 virevoltaient, de plus en plus vite ; c’était l’inexorable rouleau compresseur du progrès qu’on avait oublié d’équiper de freins.
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)