Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2011
Date de publication française : 2012 (Liana Levi)
Genre : Thriller politique
Personnages principaux : Valentin Pescatore, agent de la patrouille frontalière américaine – Leo Méndez chef du groupe Diogène – Isabel Puente patronne de la division anti-corruption.
Valentin Pescatore est agent de la patrouille frontalière américaine. Il est chargé de refouler les migrants clandestins en provenance du Mexique. Sur cette frontière a lieu toutes sortes de trafics. Les pauvres bougres qui essaient de s’infiltrer aux Etats-Unis en sont souvent les victimes. Un jour Valentin, aperçoit un trafiquant notoire, il se lance à sa poursuite et emporté par sa fougue, il le poursuit jusqu’à l’intérieur de Tijuana. C’est une faute : un agent américain ne doit jamais franchir la frontière sous peine de créer un incident diplomatique.
Au Mexique Leobardo Méndez est le patron d’une unité spéciale contre la corruption publique et le crime organisé, appelée par tous Groupe Diogène. Il a énormément de boulot et de courage car il gêne beaucoup de monde et perturbe le bon déroulement des trafics. Il collabore avec Isabel Puente qui dirige, côté États-Unis, la division transfrontalière de lutte anti-corruption. En échange de la levée de toute sanction, Isabel Puente décide d’utiliser Pescatore pour lui fournir des informations concernant les trafics dont il est témoin. C’est ainsi que Pescatore infiltre le milieu mafieux mexicain, ce qui n’est pas sans risque ! Il se débrouille si bien qu’il arrive dans la garde rapprochée d’un mafieux réputé, protégé par son oncle sénateur mexicain.
Sebastian Rotella nous décrit un monde hallucinant, sans loi, où le crime, les trafics de drogue, d’armes et d’êtres vivants prospèrent avec la complicité et la participation de la police et des hommes politiques. La frontière américano-mexicaine puis la triple frontière Brésil-Argentine-Paraguay sont des pétaudières propices à tous les commerces frauduleux mais profitables. Les policiers sont corrompus. D’ailleurs ils peuvent être arrêtés du jour au lendemain et jetés en prison par d’autres policiers. L’État est quasiment inexistant ou trop préoccupé à passer des arrangements pour remettre de l’ordre dans tout ça.
La critique de la corruption et de l’impuissance des pouvoirs publics est sévère. Les hommes politiques sont décrits comme des arrivistes, cyniques, ne se préoccupant ni des lois ni des gens. Seuls comptent leur carrière et leurs intérêts personnels. Ce sont eux qui permettent tout ça et au besoin l’organisent même.
Il y a des polars qui offrent un plaisir de lecture sans vraiment nous apprendre quoi que ce soit. Ce n’est pas d’ailleurs pas ce qu’on leur demande. Ici nous avons un polar qui est aussi un documentaire glaçant. Sebastian Rotella, grand reporter, spécialiste des questions de terrorisme et de crime organisé, signe un livre qui s’inspire de la réalité. Les évènements des frontières, les milieux de la police et celui des trafiquants sont vrais. Outre son aspect documentaire, ce livre a aussi une dimension politique.
Un petit regret pour terminer : le livre est parsemé de phrases en espagnol dont on comprend à peu près le sens, sans connaître la langue. Mais il me semble que l’éditeur aurait pu faire l’effort de les traduire en français par des renvois au bas de page, cela aurait amélioré la compréhension.
Lecture intéressante et instructive que je recommande sans réserve.