La Tentation du pardon – Donna Leon

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2018 (The Temptation of Forgiveness)
Date de publication française : 2019 (Calmann-Lévy)
Traduction : Gabriella Zimmermann
Genres : Enquête, ambiance
Personnage principal : Commissaire Brunetti

J’ai encore succombé à la tentation de lire un autre Donna Leon : je m’ennuyais de Venise et du commissaire Brunetti. Je me suis donc reposé de mes lectures précédentes en me délassant dans la vie quotidienne à Venise à l’époque de Brunetti. Comme je savais à quoi m’en tenir, j’ai été moins déçu que d’habitude.

Une collègue de Paola va voir le commissaire pour lui confier son anxiété à propos de son ado d’une quinzaine d’années, Alessandro, qui aurait commencé à prendre de la drogue vendue dans son collège. Quand Brunetti lui assure qu’on peut faire de la prison pour vendre de la drogue mais pas pour en consommer, elle semble satisfaite et disparaît. Mais son époux est retrouvé gravement blessé au pied d’un pont. Accident ou tentative de meurtre ?

Brunetti enquête un peu sur la circulation des drogues dans les institutions scolaires, même privées, et envisage un rapport entre l’attentat du père d’Alessandro et la consommation du fils. Puis, il s’intéresse à une enquête de Vianello, qui trouve des photos de tableaux de maîtres qui ont été volés. Tout en évitant de trop s’attarder sur des fuites dans le service que lui signale le vice-questeur Patta. Le nom d’un violeur aurait été mentionné, alors que le procès n’avait pas abouti; or, cet antipathique gaillard aurait été victime d’une mémorable raclée. Le commissaire, en train de lire Antigone, et se demandant s’il doit donner priorité aux lois sur les principes moraux, a appris que le nom en question avait été divulgué par Elettra pour protéger la fille d’une amie éprise de ce dangereux lascar. Il est distrait de ce dilemme par une nouvelle enquête sur une supposée escroquerie par un médecin et un pharmacien qui empliraient leurs poches au détriment de celles de l’État.

Bref, plusieurs enquêtes qui font le quotidien d’un policier à Venise. Pas de mystérieux problèmes, pas de rebondissements imprévisibles, pas de déductions géniales par un commissaire super intelligent. Plutôt, les soucis d’un policier expérimenté, sa complicité avec sa chère épouse, sa solidarité avec les collègues. Et la dénonciation des services hospitaliers insuffisants, situation bien connue chez nous, et l’impuissance face à un fléau très répandu : la consommation de drogues chez les jeunes. Problème de stature internationale : des statistiques sur l’espérance de vie révèlent que, au Canada par exemple, cette espérance a diminué pour la première fois depuis qu’on la mesure, notamment à cause d’une mortalité accrue dans des provinces comme l’Ontario et la Colombie britannique, là où les drogues sont le plus consommées.

Plutôt qu’à un thriller palpitant, le lecteur doit s’attendre à une sorte de sociologie du travail policier dans une grande ville moderne.

Extrait : Le temps qu’il atteigne son bureau, Brunetti s’était réconcilié avec sa conscience. La signorina Elettra avait agi instinctivement pour protéger une personne qu’elle aimait. Ce n’était pas tout à fait comme pousser quelqu’un hors de la trajectoire d’une voiture – c’était comme faire cela et, en conséquence, causer un accident. La nuance ne lui échappait pas, mais il estimait l’affaire classée. Il avait pris sa décision : l’indiscrétion commise par sa collègue resterait entre eux et finirait par disparaître, au fil du temps, de la mémoire collective de la questure.

Niveau de satisfaction :
3.3 out of 5 stars (3,3 / 5)

 

 

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