Le transfuge – Chris Hadfield

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2023 (The Defector)
Date de publication française :
2023 (Libre Expression)
Traduction (anglais Canada) :
Rachel Martinez
Genre : Espionnage
Personnage principal :
Kaz Zemeckis, pilote de chasse et contrôleur de vol de la NASA

C’est impressionnant de commenter le deuxième roman d’un homme de terrain, vétéran de trois vols spatiaux, pilote pendant la guerre froide, commandant de la Station spatiale internationale, directeur des opérations de la NASA en Russie, et j’en passe. Auteur de plusieurs livres également, dont le fameux roman d’espionnage Apollo, mission meurtrière (compte rendu publié dans ces pages le 30 décembre 2021). C’est avec beaucoup d’émotion qu’on l’a vu et entendu chanter le Space Oddity de David Bowie dans sa capsule, lors de son troisième vol dans l’espace.

Nous sommes en octobre 1973, à la veille du Yom Kippour : alors que les armées israéliennes se détendent un peu (on a pu observer un phénomène semblable au moment de l’attaque du Hamas dernièrement), la Syrie et l’Égypte s’apprêtent à attaquer Israël. Au même moment, le pilote soviétique Griff, bien attaché sur son MiG-25 Foxbat, pénètre dans l’espace aérien israélien. Le contrôleur de vol de la NASA et ancien pilote d’essai américain, Kaz Zemeckis, en vacances avec sa conjointe Laura, contemple un cerf-volant qui virevolte dans le ciel de Tel-Aviv. Il croit alors apercevoir un Phantom israélien qui tire un missile AIM-7 en direction d’un MiG-25 de reconnaissance soviétique. Finies les vacances !

Griff a manœuvré afin que des observateurs puissent conclure qu’il a été abattu par des avions israéliens. Après son atterrissage à Lod, près de Tel-Aviv, et après s’être livré aux armées israéliennes, Griff demande qu’on simule l’écrasement de son avion. Son plan est de faire défection et d’échanger sa sécurité contre l’avion soviétique le plus perfectionné et la compétence d’un pilote d’expérience. Israël et les États-Unis examinent le dossier.

C’est Kaz qui est désigné pour accompagner le Russe aux États-Unis sur un site d’essai hautement confidentiel. Il lui servira de guide et d’ombre. Les autres pilotes, au début réticents, auront du plaisir à profiter de ses compétences et de ses récits. Des événements inquiétants laissent entendre que la lune de miel sera difficile à avaler.

Au petit matin, le camp flambe. Griff emprunte un hélicoptère pour aller dérober pièces et documents importants. Plusieurs soldats sont empoisonnés, d’autres meurent. Griff tente de gagner le Mexique dans le MiG-25. Kaz le poursuit dans son F-15. Griff avait eu le temps de saboter cet avion. Mais la première rafale de Kaz réduit la puissance du MiG-25. Blessés et diminués, les pilotes et les avions s’affrontent dans un ultime combat.

On retrouve certains personnages du roman précédent, mais ça n’a pas beaucoup d’importance. Tout tourne autour du Soviétique Griff et de l’Américain Kaz. Les informations techniques prennent beaucoup de place sans ralentir l’action pour autant; mais celle-ci est plus lente que dans le roman précédent, qui était un roman d’enquête. Ici, ça ressemble plus à un documentaire. Et faut admettre qu’un duel aérien est plus spectaculaire dans un film que dans un livre.

Extrait :
Le MiG-25 Foxbat demeurait le meilleur au monde de sa catégorie. En 1959, en pleine guerre froide, les ingénieurs concepteurs de Mikoyan-Gourevitch s’étaient vus confier la tâche d’intercepter et d’abattre les nouveaux bombardiers supersoniques et avions-espions américains volant à haute altitude. Cet objectif létal est à la base des caractéristiques de l’appareil : l’énorme antenne parabolique sur le nez, les ailes surdimensionnées optimisées pour la portance dans l’air raréfié, les supports sous les ailes pour transporter de nombreux missiles air-air, puis des réservoirs de carburant suffisamment gros pour assurer un long rayon d’action. Mikhaïl Gourevitch lui-même s’était chargé de sa conception, vers la fin de sa carrière. Sa création était le sommet de sa gloire; le Foxbat pouvait voler haut dans la stratosphère à la vitesse de Mach 2.8, soit à peu près de trois fois la vitesse du son. Il pouvait aller plus vite encore en cas d’urgence.

David Bowie – Space Oddity

MiG-25 Foxbat

Niveau de satisfaction :
4.3 out of 5 stars (4,3 / 5)

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